|59 La temptation du diable de la foy.

[aiiij r] |60 Comme ainsi est que foy est fondement de tout salut et sans icelle nulz ne peult estre saulvéz, |61 tesmoingz saint Augustin, qui dist : |62  « Foy est de tous biens le fondement et entree de humain salut. » |63 Disant aussi saint Bernard : |64  « Foy est commencement de salut humain. |65 Sans icelle nulz ne peut parvenir au nombre des filz de Dieu |66 et sans elle tout labeur humain est inutile. » |67 Pourtant, le diable, ennemy de toute humaine lignee, de tout son pouvoir travaille l’omme en sa dernireté d’icelle destruire toutallement |68 ou au mains de heure et y forvier et errer, disant :

|69 « Tu, meschant, es en grant erreur constitué, il n’est point ainsi que tu crois et qu’on presche. |70 L’enfer est fait affin que, quelque chose que l’omme face, ja soit ce que soy mesmes ou aulcun il tue par indiscroicte penitence, comme aulcuns ont fait, ou ont adouré les ydoles, ainsi que les roys gentiz et plusieurs paiens font, |71 n’est se mye en fin tout ung ? |72 Car nulz ne retourne disant la verité et ainsi ta creance et foy n’est riens. »

|73 De tel et semblables choses laboure le diable pour le plus qu’il puisse l’omme en sa darniere angonizant subvertir et destourner de la foy, |74 car il scet bien que, si le fondement deffault, tout le superediffice necessairement deschara. |75 Toutesfois est assavoir que en nulle temptation le diable ne peult contraindre l’omme ne aucunement maistrisier et prevaloir qu’il consente a luy |76  tant qu’il usera de raison se de son bon gré n’i veult consentir. |77 La quelle chose sur toute riens est a eschever, |78 car, comme dit l’Appostre : |79  « Dieu est tres leal et feable qui ne vous seuffre estre temptés au dessus que vous pourrés pourter, |80 ainsi vous fera par la temptation prouffit |81 affin que le puissés soustenir. »

[av r] |82 Bonne inspiration par l’ange de la foy.

|83 Contre la premiere temptation du diable donne l’ange consolatoire inspiration, disant :

|84  « O homme, ne croy les pestilentes subgections du diable, |85 car il est menteur, |86 car par mentir il deceut les premiers parens, |87 et ne doubte aucunement en la foy, |88 ja soit ce que par sens ne entendement tu ne le puisse comprendre, |89 car, se les comprandre pouvés, ce ne te seroit aulcunement meritoyre, |90 car saint Gregoire dist : |91  ‘Foy n’a point de merite a la quelle humaine raison preste experiment.’ |92 Mais vous souviegne de la parolle des sainctz peres, c’est assavoir de saint Poul aux Ebreux, unziesme chapitre, disant : |93  ‘Sans la foy, impossible est de plaire a Dieu.’ |94 Et saint Jherome, au tiers : |95  ‘Qui ne croyt, il est ja jugiéz.’ |96 Et saint Bernard disant : |97  ‘Foy est la primogenite entre les vertus’ |98 et ‘fust encore plus benoyste Marie recepvant la foy de Jhesucrist que la char d’icelluy’. |99 Considere aussi la foy des anciens fidelz, Habraam, Ysac et Jacob |100 et d’aulcuns paiens, c’est assavoir Job, Raab, pecheresse, |101 semblables pareillement la foy des apostres et des innumerables martirs, confesseurs et vierges, |102 car, par la foy, ont pleu tous anciens et modernes. |103 Par foy, saint Pierre ambula sur les eaues, |104 saint Jehan beut sans perilly le venin qu’on luy donna a boire. |105 Les mons de Caspes, a l’oroison d’Alixandre, par foy sont mus en ung. |106 Et, pour tant, la foy est entierement benoyste de Dieu. |107 Pour quoy tu dois puissanment resister au diable et fermement croire tous les commandemens de l’Esglise, |108 car saincte Esglise ne peult errer pour ce qu’elle est gouvernee du Saint Esperit. |109 Et note, si tost que le malade ou mourrissant se sent tempté contre la foy, pense premiers quant necessaire est la foy, |110 car sans elle nul ne peult estre saulvéz. |111 Secondement, considere quant utile est, car elle peult tout, |112 disant Nostre Sire : |113  « Toutes choses sont possibles a celluy qui croit. » |114 Et encores dist : |115  « Quelconque choses en present vous demandés, creéz, car vous obtiendrés. »

|116 Et aussi l’enferme facillement, par la grace de Dieu, resi[av v]stera au diable. |117 Pour quoi aussi est bon qu’on die le Simbole de la Foi entour l’angonizant a haulte voix et qu’i souvent soit repetté |118 affin que, par ce, le malade ou mouriteur soit animé de constance en la foi |119 et les esperitz malignis abhorrent ouir le dist Simbole.


62 Note : Augustin, De fide et Operibus, I, 15, 24
63 Leçon non conservée : Sans (aprés humain) mq.
64 Note : La citation attribué à Bernard de Clairvaux se trouve en réalité chez Fulgence de Ruspe, De Fide seu de regula verae fidei ad Petrum, I.
68 Leçon non conservée : y sourier et
70 Leçon non conservée : indistroicte
73 Leçon non conservée : choses pour le plus labouer le diable qu’ ; la foix (car)
74 Leçon non conservée : bien qui se le
75 Leçon non conservée : assavoir qui en
76 Leçon non conservée : gré vouloir n’i
77 Leçon non conservée : dessus qui vous
79 Note : Paul, Première Épitre aux Corinthiens, 10, 12
83 Leçon non conservée : pestilences ; par mentiri
87 Leçon non conservée : compredre
89 Leçon non conservée : ne répété
90 Leçon non conservée : Foy n point
93 Note : Paul, Épitre aux Hébreux, 11, 6
94 Leçon non conservée : ja juguz (et)
95 Note : Jean, 3, 18
97 Note : La citation attribuée à Bernard de Clairvaux se trouve en réalité chez Augustin, Sermones, I, XXI, 11.
98 Note : La citation attribuée à Bernard de Clairvaux se trouve en réalité chez Augustin, De verbis Domini et apostoli, XVII
99 Leçon non conservée : d’aulcuns paparens c’
105 Leçon non conservée : caspes aleroison d’
111 Leçon non conservée : tout mq.
113 Note : Marc, 9, 23
115 Note : Marc, 11, 24
118 Leçon non conservée : animé et constance ; ouir lesdist