Dans le prolongement d’une communication de 1985 portant sur Le temps, la vie, la mort dans la conception médiévale[1], Pierre Ruelle a entamé à la fin de sa vie l’édition critique de trois versions latines des Artes bene moriendi, accompagnée des variantes relevées dans neuf autres versions, ainsi qu’à l’édition critique de dix versions françaises de ces Artes, accompagnée des variantes de cinq autres versions, soit un travail éditorial portant sur un ensemble des textes de vingt-sept manuscrits, incunables et xylographes.

La mort devait l’empêcher de mener à bien ce dernier projet, dont l’état d’avancement témoigne pourtant de la conservation intacte des qualités de philologue exceptionnelles et d’une capacité de travail tout aussi remarquable.

Comme le révèlent les archives léguées à la Bibliothèque de l’Université de Mons et les documents conservés par ses héritiers, en à peine quelques mois, Pierre Ruelle a pris des contacts avec toutes les bibliothèques où étaient conservées les versions des Artes bene moriendi sur lesquelles il souhaitait travailler, en a obtenu les reproductions – sous la forme de photographies ou de microfilms, en a établi le texte, a établi une généalogie des versions, sélectionné les versions de références et entamé le travail d’édition critique.

Un tel travail ne pouvait demeurer inachevé. En 2011, alors que les amis de Pierre Ruelle se réunissaient pour célébrer le 100e anniversaire de sa naissance, ses héritiers nous ont sollicités pour reprendre le travail laissé là où Pierre Ruelle l’avait laissé.

Il a fallu quelques semaines pour inventorier toutes les pièces qui constituent le Fonds Pierre Ruelle de la Bibliothèque de l’Université de Mons, ainsi que les documents que David et Janine Ruelle avaient conservés et qu’ils nous avaient confiés, pour les inventorier, pour faire un état des lieux du projet et mesurer ce qui restait à accomplir. Il a fallu quelques mois encore pour numériser toutes les photocopies, tous les clichés, toutes les notes, afin d’en obtenir des versions pérennes. Il a fallu quelques mois encore pour saisir le texte de l’intégralité des feuillets dactylographiés par Pierre Ruelle, porteurs de tout son travail éditorial, et pour en tirer les fichiers électroniques à partir desquels le travail pouvait être poursuivi. Il a fallu quelques mois enfin pour donner une réelle visibilité au travail réalisé : un premier site internet, créé en 2013, se bornait à inventorier le fonds pour donner une idée de l’état du projet ; en 2019, les avancées du projet nous ont paru suffisantes pour pouvoir bénéficier d’une réelle visibilité sur la toile.


[1] Pierre Ruelle, Le temps, la vie, la mort dans la conception médiévale, [en ligne], Bruxelles, Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, 1985. Disponible sur : http://www.arllfb.be/.