[19 v°] |[1] Cy après s’ensuit ung aultre livre de L’art de bien mourir en la grace de nostre Createur et y a pareillement cinq temptacions et cinq consolations revenant au livre cy devant escript et es histoires |[2] et deux aultres histoires, l’un De la presentation de l’ame devant Dieu et l’autre Du jugement de l’ame. |[3] Et l’a faict ung vaillant docteur a ma requeste.
|[4] « Il n’est chose plus certaine que la mort et plus incertaine que l’heure d’icelle », selon que dit sainct Pol, a la quelle ung chascum sera guerdonné selon ses œuvres |[5] et ne sera pas temps alors de soy repentir, comme dit sainct Augustin ou livre des Penitences, |[6] car qui laisse de pecher jusques à la mort, il n’en doit avoir nul merite, veu qu’i laisse les pechéz par force et contraincte. |[7] Et, jaçoit se que l’Escripture dict que « A l’heure que la creature veult plorer ses pechéz, Dieu est prest de luy pardonner », c’est grant peril de actendre jusques a la mort, |[8] car, quant nous voulons plorer nos faultes, se doibt estre de nostre propre [20 r°] vouloir, car la penitence doibt estre liberalle. |[9] « Pourtant dict sainct Augustin que Le pecheur qui se repent et après sa repentance vit en penitence, il est asseuré d’avoir paradis », |[10] car Dieu dict : « Je ne vueil pas la mort du pecheur mais vueil qu’i se convertisse et, après saconversion, que il vive en penitence. » |[11] Mais celuy qui meurt tantost après sa conversion, il n’est pas asseuré d’estre soulvé, comme dit l’Escot, car, si Dieu pardonnoit a l’heure de la mort, ung chascun pecheroit tousjours jusques adoncques. |[12] Et, pour ce que c’est grant peril d’actendre celle journee de semer quant l’on doit moissonner, veu que adoncques il ne souvient a la creature de ses pechéz ne de Dieu, comme dict le Psalmiste, |[13] mais pense tant seulement es grans douleurs qu’i souffre et ailleurs ne peult penser, comme dit sainct Gregoire. |[14] Et adoncq l’ennemy de nature humaine luy donne plus de temptacion, d’aultant qu’i la sent plus prochaine de la mort. |[15] Sy me suis pensé de demonstrer les grans temptations et angoisse que la personne seuffre a son trespas. |[16] Et premierement sera mise sa [v°] temptation que faict l’ennemy et, en après, la consolation de l’ange, |[17]car comme dict sainct Pol : « Dieu ne nous laisse pas tempter fors que selon nostre pouvoir. » |[18] Et, comme dict sainct Bernard : « L’office des dyables est de nous conseiller a mal faire, mais ilz ne nous peuvent contraindre, |[19] et, quant nous resistons a leurs temptations, nous faisons grant plaisir a Dieu et as anges, lesquelz se resjouyssent de la conversion du pecheur. » |[20] Sy debvons estre bien adviséz a icelle heure et nous soubmectre a la misericorde de Nostre Createur en ayant bon vouloir de amender nostre vie et luy prier qu’i mecte sa passion entre luy et noz pechéz|[21] et qu’i ne nous pugnisse pas selon nos faultes mais face avec nous sa misericorde, |[22] car nous ne pouvons estre saulvéz se n’est par sa grace et sans luy ne pourrions eschapper les perilz de ce monde, |[23] car il est trop merveilleux, comme pourréz veoir en la matiere suyvant, en laquelle j’ay voulu faire sans y mectre les autoritéz des docteurs, |[24] a cause de briefveté et que ceste matiere est tant seullement pour simples gens et non [21 r°] pas pour les clercs, |[25] car ilz peuvent bien trouver les dangiers par la saincte Escripture. |[26] Sy vous prie qu’i vous plaise suppourter mes faultes et donner louange a Dieu du bien et non pas a moy, car je ne suis pas digne, |[27] et luy prie que au trespas nous vueille desfendre des grans perilz de la mort. Amen.
|[28] La premiere temptation de la foy.
|[29] Selon que dit le Saige, a l’heure de la mort, le cueur a congitation moult forcenee et est en telle douleur comme celle qui enfante, |[30] car c’est l’office de l’ennemy de nous mal conseiller, comme dict sainct Bernard. |[31] Pourtant fait il comme le corbel, qui premierement mangeue l’œil de l’homme affin qu’i ne le voye venir devers luy. |[32] Et ainsi il oste a l’homme l’œil de la foy, qui est le fondement de salvation, en luy mectant au devant que son ame est corruptible et mortelle, comme recite le Saige ou second de Sappience, |[33] et qu’i n’est ne paradis ne enfer, et luy mect au devant les roys et princes payans et grans philozophes, |[34] qui jamais [v°] n’ont adoré Dieu et ont vescu moult puissamment, comme Alixandre, Salemon et aultres. |[35] Secondement luy dict que Dieu ne l’a point faict pour estre dampné et, s’il estoit ainsy, il ne pourroit aller au contraire, car l’on ne peult muer la sentence de Dieu. |[36] Et, par ainsy, Dieu ne doit point créer la creature pour la deffaire, car nul saige ouvrier ne faict aucun ouvraige sur esperance de le despecer. |[37] Et, s’il estoit ainsi, sembleroit queDieu fut muable. |[38] Et nous veons plusieurs gens lesquelz en leur vies aulcunement ont bien vescu et en la fin sont estéz dampnéz. |[39] Et puis apprés luy dict que la personne est subjecte es choses celestielles, tesmoing le Philozophe, |[40] et convient soy gouverner par itelles, car il a vescu selon les planettes ou y a esté néz et ensuyvi sa complexion. |[41] Pourtant, il ne doibt point estre dampné. |[42] Et, par ce, vous pourrez apercevoir en la figure ou premier livre cy devant, folio iiie, de laquelle figure est l’ennemy qui mect l’ostacle affin que le malade ne voye Dieu et ses sainctz. |[43] Au devant de luy sont les payens adorans les ydoles et, au dessoubz, ceulx qui [22 r°] pouvrement meurent en la foy chrestienne.
|[44] La premiere consolation et remonstrance de foy.
|[45] Apprés la temptation que l’ennemy faict a nature humaine, Dieu, lequel ne nous laisse point tempter oultre ce que nous pouvons soubstenir, comme dit sainct Pol, |[46] sy envoye a l’ame foy et esperance en luy remonstrant sa creation, premierement quant a l’ame, laquelle est immortelle, fille de Dieu, douhee du Sainct Esprit, remplie de saigesse, heritiere de paradis. |[47] Et cecy prouve l’ange en respondant aux temptations de l’ennemy : |[48] premierement, amenant en tesmoignaige les philozophes payens comme Aristote, Platon, Socrates, Pitagoras et aultres plusieurs disant l’ame estre immortelle. |[49] Et cela nous veons par raison. Premierement a cause que Dieu est juste et rend a ung chascum selon sa desserte. |[50] Et nous veons en ce monde plusieurs maulvais lesquelz ne sont pugniz. Il convient doncque en l’aultre sieccle qu’ilz soient pugniz. |[51] Comme dict Nostre Createur aux dampnéz : « Allez, mauldictz, ou feu pardurable. » |[52] En[v°]cores voyons nous que toutes choses sont creéz pour le service de l’ame. |[53] Ainsi elle est plus noble que le corps et, nonbstant que Dieu l’a creé pour salvation, si lui a il donné franche volunté a bien faire affin qu’elle en aye merite, car l’on ne doibt avoir si grant bien que Paradis sinon par aulcum labeur. |[54] Et, quant l’on mect au devant les payens adoras ydolles, l’on peult congnoistre leur foy estre petite, car en icelle ilz ne font nulz miracles comme en la nostre |[55] et, jaçoit ce que, selon le corps, nous soyons subjectz aux planettes a cause qu’il est composé des quatre elemens, l’ame est spirituelle sans quelconque matiere. |[56] Pourtant a nulle chose elle n’est subjecte fors que a Dieu, car le filz n’est subject que au père. |[57] Sy se doit doncques l’ame conformer aux anciens Peres, qu’ilz ont esté saiges, comme Noé, Ysaïe, Jheremye, David, Salomon, Moyse, Abraham, |[58] lesquelz, selon l’ame, en Dieu tant seulement on mis leur espoi, comme il appert en la figure cy devant, folio .iiiie., au dessus de laquelle est Dieu avecq les anciens Peres du Viel Testament et les sainctz du Nouvel, |[59] lesquelz luy monstre l’ange en [23 r°] disant qu’i doibt adherer a la creance de tant saiges et sainctes gens qui tous les jours font grans miracles. |[60] Et, par ainsi, au desoubz sont les ennemys qui s’en vont confonduz.
|[61] La seconde tempation nommee desesperation.
|[62] A caus e que l’ennemy, estant comme le lion, tousjours serche comment il pourra la creature decepvoir, voiant que de foy il ne la peult decepvoir, |[63] il se parforce de la mectre en desesperation, laquelle est peché inrremissible procedant de maulvaise vie et faulte de foy, |[64] et luy mect au devant tous les pechéz qu’il a faiz le temps passé et mal exposé sa vie, comme dict le Saige, |[65] et convient qu’i rende compte de toutes parolles oyseuses, dont aulcunes fois le faict desesperer comme Caÿn et Judas et plusieurs aultres, lesquelz si sont dampnez, |[66] et en après luy monstre les larrecins et oultraiges qu’i la faiz le temps passé, desquelz il n’a faict nulle emande, |[67] car par ainsi le peché ne luy peult estre pardonné sans restitution, |[68] et luy monstre encores les grans pugnitions queDieu a faict le temps passé, comme du deluge, [v°] de Sodome, de Datham et Abyrn, du roy Pharaon, de la seur de Moïse, |[69] lesquelz ont estéz griefvement pugniz pour leurs pechéz, et ne sont point si grans, se luy semble, comme les siens. |[70] Aussurplus luy remonstre la briefveté du temps endisant qu’il est trop tard pour faire penitence |[71] et qu’il n’est pas digne de soy monstrer devant Dieu, lequel plsieurs fois il a regnyé. |[72] Et en après luy monstre ceulx que tant il a ayméz en ce monde, avecq lesquelz il a pechéz et courroussé Dieu, |[73] et les biens mondains que par baratz il a acquis et convient que en douleur il les laisse sans empirter fors que peché et que de nul membre ne se peult ayder. |[74] Si vouldroit desja estre mort come appert en la figure cy devant, folio .vie., au dessus de laquelle est l’ennemy luy remonstrant ceulx qu’il a ayméz ou monde. |[75] Et, en apprés luy monstre ses pechéz par escript : devant ; les larrecins qu’il a faictz ; de dessoubz, ceulx qu’i a despouilléz et battuz et faict extorcions. |[76] Pour ses causes luy monstre l’ennemy une dague affin qu’i se desespere et tue.
|[77] La seconde consolation nommee vraye esperance.
[24 r°] |[78] Car, selon la doctrine des sainctz docteurs, la misericorde et grace du Createur est trop plus grande que la maulvaistié du pecheur, sans laquelle nul ne peult estre sauvé, |[79] car le Createur, vray Père debonnaire, ne laisse jamais son enfant s’il n’est sa grant faulte. |[80] Pourtant remonstre l’ange a la creature que en la misericorde de Dieu il doit avoirfiance, veu que c’est celle qui surmonte justice, sans laquelle nul bien ne pourroit estre. |[81] Et, jaçoit se que la creature est pecheresse par foiblesse de nature, le Createur si est misericors, lequel a donné remede encontre tous pechéz par baptesme et penitence, |[82] non obstant que nous ne pourrions de nous mesmes, sans son ayde, estre delivrez de noz ennemys. |[83] Jaçoit se qu’il est venu pour saulver les pecheurs en communicquant avec eulx et souffrir passion, |[84] sy debvons avoir esperance que de sa grance aurons remission veu que pour nous a voulu mourir |[85] et, nonbstant que nous faisons tard penitence, il ne regarde point le bien que nous faisons si nous n’avons dont nous puissions satisfaire. |[86] Il suffit tant seullement la voulenté, [v°] car Dieu regarde le cueur et non pas l’œuvre. |[87] Pourtant dit il luy mesme : « En l’eure que le pecheur ses pechéz plourer vouldra, de ses iniquitéz il ne me souvendra, |[88] car je ne suis pas venu pour appeler les bons mais pour demander les pecheurs et felons. » |[89] Et, non obstant que Cayn et Judas par leurs pechéz si ayant esté dampnéz, se fut faulte de demander la misericorde du Createur, |[90] car nous coyons, comme il appert en la figure cy devant, folio .viie., comme le larron qui jamais bien n’avoit faict, a l’heure de la mort Dieu luy pardonna |[91] et la Magdaleine, dont les sept pechéz gecta, et a sainct Pierre, qui trois fois le regnia, et a sainct Pol, qui sa loy persecutoit, auquel il revela toute sa doctrine et foy chrestiene.
|[92] La tierce temptacion dyabolicque nommee impatience.
|[93] A cause de la trangression de nostre premier père, nous fumes subjectz es afflictions corporelles et mesmement a la mort, dont il n’est chose plus angoisseuse a icelle heure. |[94] Comme dit sainct Gregoi[25 r°]re et le prophete : « Nous sommes en greifz dangier, car l’entendement ne se peult applicquer a faire bien mais ymaigine a la douleur qu’i sent. » |[95] La chair se plainct d’une part, voyant qu’il convient qu’elle se departe de l’ame et estre donnee aux vers. |[96] Sy aymeroit mieulx non jamais estre nee ou estre morte ou ventre de sa mere, comme dict Job. |[97] Lors l’ennemy lui mect impatience et abhomination de vertuz au devant, |[98] car, ainsi que nous veons que le corps ne prent saveur en quelque chose temporelle, si ne faict l’ame es choses spirituelles. |[99] Les amys pensent du corps tant seulement et nully ne pense de l’ame. |[100] Il ne peultendurer que l’on le admonneste de bien faire, a cause des douleurs qu’i sent, et voit que nul n’en faict a son plaisir. |[101] Le partler luy fault, les yeulx se tournent, les vaines se rompent, tant que en son corps n’a lieu en quoy il ne aist douleur ; |[102] Pour tant, et chet en impatience, voyant que ses amys le esloignent et ne vueillent faire sa voulenté. |[103] Et, par ainsi, demeure tout seul es mains de l’ennemy, dont c’est grant dangier, |[104] car nous voyons que, en santé et en di[v°]sant oraisons, faisant penitence et escoutent la doctrine de Dieu, a peine nous pouvons resister contre l’ennemy. |[105] Helas, que ferons a ycelle heure ? L’ennemy dit que Dieu n’est pas juste de faire a l’homme tant de tribulations et qu’i vauldroit mieulx non jamais estre néz, |[106] se luy semble qu’i doibt prendre vengeance de Dieu et de toutes creatures en cuydant recouvrer sa force, |[107] comme il apert en la figure cy devant, folio .ixe., en laquelle vous poéz veoir comme le malade gecte tout a terre et ne prent en gré service qu’on luy face, dont les parens s’en esbaïssent. |[108] Et tout cecy l’ennemy luy conseille.
|[109] La tierce consolation angelicque, remonstrant patience.
|[110] Selon la dactrine de sainct Pol, les tribulations de ce monde ne sont point dignes d’acquerir la gloire celestielle, car Dieu est tout puissant et n’a neccessité de nous, dont il nous deust souffire d’estre en sa grace, veu que sommes pecheurs et non dignes d’estre exsaulcé. |[111] Nous debvons estre contens d’acquerir sa grace, comme il dict [26 r°] a sainct Pol, qui sans peché estoit, lequel plusieurs angoisses souffroit, auquel Dieu dit : « Souffise toy de ma grace. » |[112] Pourtant remonstre l’ange a la creature patience en remonstrant a ycelluy le grant bien de la nativité et creation de l’ame immortelle et advenement de paradis, |[113] laquelle sans vigueur ne doit estre louee, car il n’est pas figne d’estre loué qui contre lennemy n’aura point bataillé. |[114] Si promet Dieu aux patiens la vie eternelle, comm il appert en la saincte Escripture. |[115] Sy nous considerons les vices et pechéz que en nostre temps fait avons, bien pouvons congnoistre que maladi n’est riens au regard de peché, |[116] veu que nous offendons le Createur, lequel de sa grace raisonnable nous a faictz forméz a sa semblance, promectant paradis. |[117] Et, si nous ne pouvons avoir les biens de ce monde transitoire fors que par douleurs et angoisses, bien debvons soustenir aulcuns tormens pour la gloire eternelle. |[118] Se le corps corruptible ung peu endure mal, il devient immortel et impassible pardurablement pour le mal qu’i soustient en ce monde [v°] present. |[119] Si se doit reconforter la creature, considerant que le Creatuer pour elle a voulu prendre nature humaine souffrant injures, douleurs, afflictions, |[120] lequel jamais nul mal ne pensa et est mort en la croix patiemment. |[121] Tout ce a enduré comme il appert en la figure cy devant, folio .xe., ou l’ange monstre Dieu le Père tenant fleiche et fouet dessus le malade pour es pechéz, |[122] lui remonstrant son son filz qui jamais ne pecha et touteffois pour nous grans douleurs a soufert, |[123] les sainctz martirs lesquelz a tort, pour la foy et honneur du Createur, villainement ont estéz mis a mort en priant Dieu pour les persecuteurs et on les tormens portéz patiemment, comme sainct Estienne, sainct Laurens et aultres.
|[124] La quart temptation dyabolique, nomee fole presumption et vaine gloire.
|[125] L’ennemy de nature humaine veant que par impatience ne peult avoir la creature et mesment d’icelle qui a bien vescu en ce monde et fort resisté contre luy ― |[126] comme dit le Psalmiste : « Les tribulations [27 r°] des justes si sont merveilleuses » ― |[127] pourtant il se parforce de la decepvoir comme le scorpion qui premier monstre doulceur et a la fin picque la creature, dont il meurt, |[128] car il mect au devant les biens faictz en ce monde et que l’on fera après luy, dont il sera saulvé |[129] veu qu’il est chrestien et aulcunement a gardé les commandemens de Dieu et, si n’a esté si parfaict comme les sainctz, se n’a pas esté sa faulte, |[130] car Dieu ne luy avoit point faict tant de grace de la sanctiffier ou ventre de sa mere comme sainct Jehan Baptiste et plusieurs autlres, et Dieu ne demande fors le pouvoir de l’homme. |[131] Et luy mect en après les afflictions et injures qu’il a souffert en sa vie, dont il n’a point esté remineré. |[132] Pourtant, il fault que en l’aultre monde il soit saulvé, veu que aultre merite nous n’avons après la mort fors que paradis. |[133] Et, en oultre, il a receu les sacremens de saincteEglise et meurt en la foy chrestienne qui est chemin de paradis. |[134] Pourtant le doit il avoir. Et, par ainsi, il chet en vaine gloire et pert tous els biens qu’il a faictz. |[135] Encoires luy mect y au devant fol espoir de longuement vi[v°]vre et amander sa vie et, non obstant qu’i soit malade, ja aultres fois est eschappee de telle malade |[136] et, se il convient qu’i meure d’icelle, aussi il sera saulvé, veu qu’i crie mercy a Dieu et a plus faict de bien que le larron a qui Dieu pardonna et que les petitz enfans lesquels pour le baptesme sont saulvéz. |[137] Et encoire après sa mort on priera Dieu pour luy, car Dieu ne refuse point sa creature mais reçoit les pecheurs. Il le doit recepvoir en la gloire eternelle. |[138] Et cecy est manifesté par la figure cy devant, folio .xiie., et comment l’ennemy luy presente trois couronnes : |[139] la premiere vers le cueur, luy disant qu’il est chrestien ; la seconde luy disant qu’il a plus faict de biens que les petitz enfans ; la tierce, qu’il est riche et n’a faict tort a nully, dont l’on priera pour luy. |[140] et au dessus luy monstre Dieu, qu’il a saulvé ceulx qui esoient au limbe et a esleu plusieurs sainctz qui sans nulle douleur sont en paradis.
|[141] La quarte consolation angelicque, nommee humilité.
|[142] La cause que nous summes pas souf[28 r°]fisans de nous mesmes de faire aulcum bien sans la grace du Createur doit avoir esperance d’estre saulvé, |[143] veu qu’i n’a besoing de nostre service et que sans luy ne pouvons estre, |[144] et aussy les biens que nous faisons, lesquelx sont corruptibles, c’est par la grace qu’i nous a donnee, |[145] car tout bien part de luy et la joye que nous actendons est eternelle et incorruptible. |[146] Sy ne la pouvons asquerir sinon par sa grace et nostre humilité, car il ne exçaulce fors que les humbles et ceulx qui sont sans peché, car nulle ordure ne habite en paradis. |[147] Et tant de fois nous commectons peché dont peu de penitence faisons, car nous ne pourrions satisfaire a Dieu les grans offences que contre luy faisons, veu qu’i est eternel et nous corruptibles ! |[148] Et l’ennemy mect tant de latz contre la creature que a grant peine les parfaictz peuvent eschapper, veu que ce monde est une mer plaine de dangier et nature humaine de soy emsme est incline a peché, comme il appert en la vie sainct Anthoine. |[149] Pourtant [v°] dit le Saige que l’homme ne scet point se il doit estre saulvé ou dampné et, sy l’on mect au devant que il a receu les sacremens, par adventure il n’en estoit pas digne parfaictement, car nul n’est parfaict que Dieu. |[150] Et ne souffist pas les biens que l’on fera après luy, car il les donne pour ce qu’i ne les en peult pourter. Si en aura peu de merite. |[151] Et, se il a souffert des tribulations, si est pour ses pechéz et, non obstant que le larron si ais testé saulvé, ce fut pour ce que ce jour Nostre Seigneur souffrit mort et passion et lors demonstra sa grant misericorde. |[152] Mais nul en telle maniere n’a esté saulvé, car peu de gens sont eslevéz pour la gloire eternelle, comme il appert en la figure cy devant, folio .xiiie., en laquelle a trois anges. |[153] Le premier luy dict que a griefve peine le juste sera saulvé par grace de Dieu. |[154] Le second luy monstre la divinité eternelle et Nostre Dame rendant graces de sa salvation et a l’aultre main luy monstre plusieurs qui semblent estre bons en faisant plusieurs biens, |[155] qui sont estéz dampnéz, qui se glorifoient des biens qu’ilz avoient [29 r°] faiz. |[156] Le tiers monstre sainct Anthoine, qui des dyables a eu plusieurs persecutions et n’a peu eschapper fors que par humilité.
|[157] La quinte temptation, nommee occupation mondaine.
|[158] Selon que dit le Saige, la memoire de la mort est tres amere a la personne injuste et ayant paix avec ses richesses, |[159] dont se plaignoitBoece, disant que la mort est mauvaise et ne veult recepvoir les meschans estans en douleur mais prent ceulx qu’ilz ont plusieurs richesses, |[160] dont se parforce l’ennemy a la fin de destruyre la creature en luy mectant au devant les plaisances et richesses de ce monde, |[161] qui ne sont fors que espines destourbans et empeschans que l’on ne preigne la fleur de beatitude eternelle, car elle se acquierent en labeur, se gardent en cremeur et faillent en douleur, |[162] muy mect au devantses parens et amys, lesquelz ne demandent fors que les biens : la femme demande son service, les enfans demandent l’heritage. |[163] Et ne scet aulquel complaire. Lors il souspire et gemist de douleur, voyant qu’i fault laisser ceulx qu’il a aymés. |[164] Dont plusieurs fois [v°] chest en desesperation, car il voit en sa presence que l’on se desrobe et ung chascum se plainct. |[165] Lors il considere que il luy convient mourir et laisser toutes choses mondaines et voit bien que rien ne luy vaillent les plaisances de ce monde, ains luy tournent en douleur. |[166] Dont se plaignoit sainct Augustin, disant : « O vie mondaine, decepveresse de peuple, comme ta nature est faulce et vaine ! |[167] Tes richesses sont comme fumees, ton temps comme la fleur, ta promesse comme l’ombre de l’homme et nul temps n’est estable. |[168] Tu amasses et ne scéz pour qui, car les richesses de ce monde te feront parir. » |[169] Et, pour ce, nous voyons, a l’heure de la mort, plusieurs plourer e souspirer et cuidons que ce soit par contriction de leurs pechéz mais c’st par tristesse des biens qu’i perdent, |[170] car l’orguilleux congnoist que plusy ne peult mener les pomptes comme il a faict le temps passé, le avaricieux les richesses, |[171] le luxurieux a perdu vigueur, le yreux ne se peult venger, l’enuyeux ne peult mal faire, le glouton en riens ne prent saveur, le paresseux est tousjours [30 r°] en douleur et nul ne le conforte. |[172] Ainsi que dict l’Appostre : « « Ce que tu auras en jeunesse semé, en vieillesse le verras moissonner. » |[173] Dont c’est grant dangier de attendre a celle heure de bien faire, comme il appert en la figure cy devant, folio .xve. |[174] Comme l’ennemy luy remonstre ses parens et amys qui pleurent et souspirent, demandans aulcune chose, devant luy sont les maisons qu’il a faict faire et au dessoubz sont serviteurs et chevaulx qui les laissent en grant douleur.
|[175] La .ve. consolation angelique, nommee entendement au Createur.
|[176] Selon que la doctrine de sainct Paoul dict : « Ceste vie n’est fors q’ung cours a la mort et et en ycelle nous n’avons point cité permanente, en actendons une aultre. » |[177] Pourtant remonstre l’ange a la creature qu’i doit tout laisser et mectre son espoir tant seullement en Dieu, |[178] veu que c’est chose commune et certaine de mourir et nul ne emporte riens fors que bien ou mal qu’il aura faict. [v°] |[179] Et, sy nous avons des biens mondains et les perdons, il ne nous en doit challoir, car il ne sont pas nostres. |[180] Nous avons esté conceuz en peché, néz en misere, vivans en peine et mourons en douleur et ne sçavons quant ne comment. |[181] Et si debvons penser de rendre compte a Dieu, lequel ne prise richesses, noblesse, force ne science mais rend a ung chascum sa desserte. |[182] S’il n’a pardonné a son propre filz, ains a voulu que tout nud mourut en la croix honteusement devant sa mere et aultres amys, pas ne nous doibt desplaire de laisser les choses transitoires, |[183] car, ca ycelle heure, ung chascum pourtera son fardeau ne nul pour aultruy y sera. |[184] Et, par ainsi, ung chascum de soy doibt penser comment il rendra compte sans ymaginer en aultruy chose fors que a son ame, |[185] veu que le filz ne porte point l’iniquité du père ne n’aura douleur de sa dampnation, car nous n’avons que ung seul père, c’est assavoir Dieu. |[186] Pourtant, en ycellyy doibt estre nostre espoir et non en aultre, car noz richesses et biens [31 r°] mondains sont transitoires et Dieu tant seullement demeure. |[187] Nous voyons que Saliomon pour science, Sanson par sa force, Pharaon pour sa crudelité, Alexandre pour sa richesse n’ont peu resister a la mort. |[188] Sy debvons estre contens du vouloir de Nostre Seigneur. Et cecy devant demonstre la figure, folio .xvie., en laquelle l’ung des anges d’une part monstre Nostre Seigneur tout nud en croix devant sa mere. |[189] De l’aultre part monstre Job, sa femme et ses enfans, et les biens qu’i perdit, et fut moult patient. |[190] Au piedz est ung ange qui muce les parens du malade affin qu’il ne pence en aultre chose fors que en Dieu. Et par ainsy s’en va l’ennemy confondu.
|[191] L’angoisse de la mort et cytation diabolicque.
|[192] Selon que dit l’Apostre, a ceulx qui aument Dieu toutes finissent en bien. |[193] Ainsi pareillement, des mauvais la fin est dangereuse, comme dit le Psalmiste, pourtant que, au trespas, a la creature moult griefve douleur, |[194] et [v°] premier quant au corps, laquelle pert toute puissance et beaulté et considere que convient pourrir et estre donné au vers. |[195] Lors voit l’ame les dyables qui la cutent et sont prestz pour la devorer, |[196] comme dit Ezechiel, ou .viie. chappitre, en disant : « Part dehors, mauvaise ame dampnee. Maintenant, il est heure que tu reçoipves les maulx que tu as desservis pour les pechéz que tu as fait. » |[197] Helas, c’est griefve douleur, car la Vierge Marie doubtoit de les veoir a l’heure de la mort. |[198] Que debvra doncq faire le pecheur qui oncques ne fist bien en sa vie quant il pense as griefves offences qu’il a faictes contre son Createur |[199] et va en pays estrange ou jamais il ne fut et ou lieu ou il ne veist oncques devant celluy qu’i tant a courroussé, avec ses ennemys qui l’attendent pour devorer de douleur ? |[200] Il souspire en gectant grans souspirs et sanglotz et renvercent les yeulx affin qu’i ne voyent les maulx qu’il a faict, |[201] lesqulz l’accompaignent pour periller avec luy, et les dyables come lyons [32 r°] pour manger la povre ame. |[202] Comme dict sainct Bernard : « Si telle creature avoit une heure pour faire penitence, voulentiers la feroit, car il a laissé Dieu en sa force et jeunesse et Dieu le laisse en telle destresse. » |[203] Pour ce conseillent les docteurs que a icelle heure l’on admonneste les pecheurs de demander la misericorde du Creatuer, |[204] luy remonstrant la passion de NostreSeigneur que pour nous a souffert en la foy catholicque, |[205] car plusieurs fois, a son trespas, la creature se desepere de la misericorde de Dieu, comme dit Jheremie, |[206] que a grant peine le juste eschapper pourra et a cause des douleurs qu’i sentira, |[207] comme nous est demonstré en la figure cy devant, folio .xixe., ou est l’home tenant la chandelle, qui signifie foy, en conseillant le pecheur qui a esperance en son Createur, qui pour luy a voulu mourir en croix, |[208] es oraisons des sainctz et sainctes priant pour luy NostreSeigneur d’aultre part, |[209] dont les anges qui reçoipvent l’ame pour la presenter a Dieu et, au dessoubz, grant multitude de dyables qui l’attendent pour devo[r°]rer. Ainsy se depart l’ame du corps.
|[210] Presentation de l’ame devant Dieu.
|[211] Selon la doctrine des docteurs de la foy chrestienne, Dieu, qui est vray juge, en l’autre monde rendra a ung chascum selon ces euvres, tesmoing sainct Jehan en son Appocalice. |[212] Pourtant convient que l’ame soit presentee devant luy pour recevoir selon sa desserte. |[213] Sy vient l’ennemy de nature humaine, accusateur d’icelle, lequel selon sainct Augustin, il nous reprochera les maulx que faict avons et biens que lors devions faire en demandant justice de nous. |[214] Accuseront et nostre conscience qui nous poindra, le bon ange que croire ne l’avons voulu. |[215] Lors demandera NostreSaulveur Jhesus ou est la robe de innocence que a baptesme nous avont donnee, quel service luy avons faict de ce que pour nous a voulu mourir en la croix. |[216] Il nous monstrera les playes que pour nous a souffertes. Les sainctz et sainctes seront encontre nous, disans que a eulx n’avons voulu obeÿr et ne debvons avoir nulle gloire. |[217] Lors dira l’ennemy que debvons estre a luy, car il a esté dampné par re[33 r°]bellion et orgueil et l’avons ensuyvi par mauvaise doctrine et euvres. |[218] Si debvons comme luy estre dampnéz. Lors est la pouvre ame toute desolee, demandant confort, et ne le peult trouver, car nul ne prie pour elle et chascum demande vengeance. |[219] Come dit Job : « Cy est journee angoisseuse la ou il convient que tous souons presentez pour recepvoir selon noz euvres. » |[220] Comme il appert en la figure cy apprès, en laquelle estDieu monstrant ses playes, estant en chaire. |[221] Au dessoubz, les sainctz qui se plaignent des maulx que fait leur avons. Et amprés eulx, l’ange qui se plainct de ce que croire ne l’avons voulu. |[222] Au plus bas de l’ame, la teste baissee, plaine de pechéz, attaichee des chaynes de l’ennemy d’enfer, qui est emprés elle et demande justice, disant qu’elle est sienne par droicturiere raison.
|[223] Le jugement de l’ame.
[34 r°]|[224] Après la presentation et accusation de l’ame reste a donner la sentence, car Dieu, qui est tout juste, ne peult juger fors que selon les merites de la creature, come dit le prophete Ysaÿe. |[225] Et, jaçoit ce que nous attendons le grant Jugement si est de juger ung chascum a son trespas selon l’ame et a l’aultre selon le corps et l’ame ensemble. |[226] Et est le Jugement merveilleux, car nul n’en peult appeler, veu que Dieu le Père a donné toute puissance a son filz, car il ne regarde pas la dignité de la creature sinon les euvres. |[227] Et l’on ne peult appaiser pour or ne pour argent ny aussy pour pleurer ne gemir, car a icelle heure y ne sera pas temps de demander misericorde, |[228] car il ne sera point, comme dit Ezechiel au .vije. chappitre, |[229] mais dira : « Ta fin est venue. Maintenant, je te jugeray selon tes euvres et mectray toutes tes abhominations devant toy et ne te pardonneray point, |[230] car, ainsy que je t’ay appellé, toy estant au monde, tu ne m’as voulu ouyr mais as mesprisé mon conseil. Ainsi tu seras maintenant jugé. » |[231] Et, sy l’ame a [v°] esté bonne et aist creu le bon conseil de l’ange cy dessus nommé, elle sera saulvee, |[232] mais premier luy conviendra estre purgee des offences, si aucunes en a faictes, ou feu de purgatoire, lequel, comme dit sainct Augustin, est plus merveilleux que tous les tourmens de ce monde. |[233] Et puis Dieu luy dira : « Pour ce que toy estant au monde m’as crié mercy en foy et esperance en moy, je vueilz que soye avecq les repentans en paradis logéz. » |[234] Et aux mauvais dira : « Tu ne m’as pas doubté ne demandé misericorde, ains as ensuy les euvres du dyable sans avoir nul espoir. Pour ce, avecq eulx je te condapne estre dampnee », |[235] comme il apert en la figure cy après, en laquelle estDieu en chaire, entour luy les appostres, en chayre ausy, approuvant sa sentence. |[236] Et au dessus est paradis. Au plus bas est enfer et, dessoubz de NostreSeigneur, est l’ame au costé droit, qui est presentee par le bon ange, a laquelle il est dit : Intra in gaudium Domini tui. |[237] Et, a la fenestre, est une aultre ame, presentee par les dyables, esquelz Dieu dit : Mittite eam in tenebris exteriores. |[238] Desquelles nous vueille tenir esloingnés le vray Createur qui nous souffrit mort. Amen.
[36 r°] |[239] Complaincte du pecheur qui se treuve es latz de la mort et en voie de dampnation.
|[240] Helas, helas et plus que helas, moy tres meschante creature chetive, qui en angoisse et amertume de corps et d’esperit me treuve seul sans nul secours quelconques |[241] et ne sçay creature au monde a qui, veu le grant dangier ou je suis presentement, je puisse ny ose avoir fiance nulle dont avoir nu esperer puisse allegement, |[242] car mes parens et amys, a qui avoye toute fiance, sont ceulx qui, jusques a ce dangereux et douloreux pas de mort duquel je suis pris et surpris come au trebuchet, me ont, par une subtille maniere de traïson, conduict accompaigné en ryz et jeux |[243] sans me donner congnoissance de l’horrible angoisse en quoy me sens presentement enveloppé en corps et en ame, auquel latz je couroye avecq eulx ! |[244] O moy tres malhereuse creature ! Pour quoy ne consideroye je, alors que en santé estoye, l’horrible dangier et cruelle angoisse |[245] qui vient a toute creature mortelle et mesment aux pecheurs quant il approchent les traces de la mort, es quelles douloureusement je labeure ! |[246] Certes, [v°] bien debvoye considerer, si le monde ne le dyable ne m’eussent bendéz les yeulz du cueur moy estant en propserité, |[247] combien que tousjours doubtoye de la mort ouyr parler et recremoye la ouyr nommer et ne sçavoie ymaginer ne aultruy veoir mourir sans ayde et destressé. |[248] Or me sens d’elle assailly presentement comme en traïson et seursault et ne puis fouyr pour me mucer, |[249] car en si grant angoisse me sens de tous constéz assailly que en riens, fors qu’a ma douleur, ne puis entendre |[250] et si me seroit tres neccessaire que au salut de ma povre ame je entendisse, qui est en danger de habiter es griefves habitations d’enfer. |[251] Et oncq parfaictement une seulle heure de bien en mon vivant ne vouluz faire ny entendre, cuydant tousjours y venir assez a temps quant je sentyroie la fin approcher de ma mort. |[252] Or apperçoy veritablement que trop me suis abusé, car je suis de douleur, d’angoisse, de paour et d’esbahyssement confondu tellement que a nulle chose salutaire ne puis nullement entendre. |[253] Et aussy apperçoy bien que a jeu perdu n’a que muer ne que dire. |[254] Helas, chetive creature que je suis ! Comment [37 r°] ya je despendu et consumé le temps sy innutillement, qui est sy precieux pour monsalut et estoit prest. |[255] Et, tousjours, au contraire de luy j’ay ouvré et faict tant de maulx que de Dieu, de saincte Eglise ne de tous es commandemens n’ay tenu compte mais les ay despriséz : |[256] veux briséz, penitences enfrainctes, promesses faulces, deffences faictes au contraire, dont remors de conscience a mon cueur murdry et rongé tellement d’aultre part que ycelle seulle douleur m’est griefve assez pour prandre la mort. |[257] Sy j’estoie en santé dont, pour la paour des choses dessus dictes, mon ame s’efforce de demeurer dedans le corps, mais durement elle est contraincte de vuyder. |[258] Helas, povre creature, quant je considere que suis allé hors de la voye de mon salut qui est estroicte, come apperçoy maintenant, je treuve large la coye de dampnation que tiennent plusieurs. |[259] O chetive creature, si de present avoye ung seul jour de temps que gastent moult de creatures innutilles maintenant ainsy come j’ay faict le myen, |[260] veritablement je promectroye a Dieu mon Createur de promtement, doulcement et de vraye penitence [v°] prendre d’iceulx jours perduz et faire le salut de mon ame, |[261] car il m’est advis que riens ne me seroit a gouverner et ung blanc denier en plus que de dix mille florins, qui oncques en mon vivant ne m’ay sceu gouverner. |[262] Et, pour ce, je congnois que peu me seroit, au salut de mon ame, ung seul jour, veu que en cent jours ne feiz oncques fors que tous maulx. |[263] Helas, bien douloureisement j’apperçoy que vie sans ame devient hastive mort. |[264] Mort est medecine a la creature, car celluy qui moingz vit moingz empire et aussy moingz accroist de pechéz. |[265] O povre creature que je suis, bien doiz mauldire les faux et horribles delitz et mauvais soulas qui tant de temps m’ont duré quant, pour les grans delectations mondaines, je suis en voye de dampnation, |[266] car j’apperçoy bien que seray cruellement tormenté et me semble que c’est folie de couvoiter longuement vivre sinon employer son temps au service de Dieu parfaictement. |[267] O povre creature que je suis, que ne consideroie je le temps que faire le pouvoye. |[268] O creature raisonnable, que m’ont vallu lors les grans [38 r°] travaulx mondains et grandes afflictions, les delictz charnelz, mes habitz et pompes desordonnees ! |[269] Helas, je me debvoye bien orner, engraisser et parer, qui suis viande aux vers et aux dyables d’enfer et ay laissé au dernier de mes jours tresbucher ma povre ame |[270] qui debvoit estre presentee par les sainctz anges de paradis au souverain Createur et Redempteur du monde, qui pour nous a voulu souffrir mort au monde sy angoisseuse ! |[271] Helas, pouvre creature que je suis, bien doiz haÿr ma vie quant, pour toy servir et complaire, je me treuve en si cruelle affliction desordonnee et en la haune perpetuelle de mon souverain Dieu, qui tant cherement m’a aymé ! |[272] Helas, que n’ay je consideré les honneurs, compaignies et faveurs modnaines que si fort m’ont aveuglé et mené en cest horrible dangier ! |[273] Bien doy mauldire l’heure que nasquiz oncq au monde|[274] quant, par trop aymer et hanter les delitz mondains comme d’avoir nourry mon corps souefz, qui n’est que ung tison d’enfer, maintenant et par moy mesmes j’ay perdu tous les biens de grace de mon Createur, |[275] qui est parfaicte vie sans fin, sans [v°] faulte et sans envye, et aussy la compaignie de tous les bienheuréz du ciel, qui est sy noble que amour et charité. |[276] Il est toute commune, sans partie, combien que je apperçoy, maintenant que c’est trop tard, de a bon droict me treuver en tel dangier que pour si peu de temps que j’ay vescu si soigneusement et travaillé mon corps, |[277] veu aussi que je pouvoye acquerir la seureté de mon salut en vivant tousjour en la craincte de mon Createur |[278] et aussy que, après ma mort que sy tost voy venir, je eusse eu perpetuel soulas, deduict, lyesse et joye sans sfin. |[279] O povre creature detestable, je voy bien que maitnenant commencent a venir les grans tormens miserables en peine eternelle et me deffault au besoing tout mon sens tant du corps comme de l’ame. |[280] Et, premierement, je congnois que ma langue tres fort se lye et se prent au palays, dont me fault le parler. |[281] Par quoy ne puis exprimer ne pronuncer le dueil et angoisse que je sens au cueur d’ennuy et de desplaisir. |[282] Et aussy les yeulx qui se descouvrent et roullent et s’enflent, d’aultre part, pour la grant destresse habondant, qui ne peuvent [39 r°] plourer ne gemir. |[283] La face se change et pallist. La couleur s’amortist et ternist. Le nez s’estoupe et applatist. La bouche seiche et bee. |[284] Les dens noircissent et desjoignent. Les levres tiennent et fendent. La gorge, enrouee, escume et roulle. Les nerfz se rompent, tendent et se descouvre. |[285] La poictrine, seiche, se soublieve et haulce pour faire plus grant lieu au cueur qui engle et tend a crever. La chair par tout se souliefve et sue. |[286] Helas, quelle horrible, cruelle et extreme angoysse que je sens maitnenant par tous mes membres. |[287] Helas, j’ay le ventre vuydz et abbatu, la soye du doz toutes seiche, les os et tous les costes s’apperent pour conter, |[288] le sang s’enfuyt, les vaines se muent, le poux tressault, le feu estainct, le sens luy default, l’ame decline. |[289] Helas, chetive creature, que n’ay je eu tousjours se mirouer devant moy, devant mes yeulx, en la veue de ma memoire ! |[290] Et que ne consideroye je la tres griefve amertune de mort et ses pechéz et maulx qui procedent et ensuyvent icelle, |[291] pour la douleur desquelles ne treuve nul repoz, assiz ne estandy ny [v°] aultrement, tant soye mis sur costé a aultre. |[292] Ainçois, de toutes pars commance tellement mon corps a decliner et faillir que dés maintenant se prent a puyr come viande a vers, si que moy mesmes a paine me puis je odorer ne sentir. |[293] Et, d’aultre part, mon ame est en anfoisse inextimable, car clarement elle apperçoit tous ses delitz, vouloirs et pensees, dictz, faictez, euvres et voyes sy legierement passees qu’i ne luy semble qu’ung songe de tout le temps qu’elle a vescu |[294] au regard de la perhempnité et paine pardurable qu’elle voit devant elle au temps ad venir que jamais ne fauldra. |[295] Et, nëautmoingz, clerement apperçoy toutes ses opperations, iniquitéz et mauvaistiéz. Par quoy l’ame s’efforce de les mucer et absconcer. |[296] Mais le corps luy respond : « Nous somme tes engendreures et forméz de toy. |[297] Pourtant, je ne te laisseray point, ains yray avec toy au Jugement et t’accuserons au souverain Juge |[298] et luy dirons comme souventes fois toy mesmes te es temptee et luy dirons le lieu, le temps et les circonstances qui te pourront nuyre grandement |[299] et aussi [40 r°] comme tu n’a voulu obtemperer a ses bonnes operations et inspirations, ains les a dechassees et les messaiges qu’i t’avoit envoyés pour ton salut. » |[300] O creature chetive et toute desolee, come je sens par tous les costéz et dedans et dehors de moy, c’est assavoir croistre et agrandir mes maulx et mes destourbes ! |[301] Mais c’est a bon droict, car moy mesmes qui, a mon escient et contre le jugement de Dieu et de raison, me suis honny et souillé pour luy avoir desobeÿ. |[302] O mes parens et amys, que ne sçavois je, lors que je vous hantoye, ce que je sçay et ce que je sens maintenant, |[303] car je ne vous eusse pas ainsy creu ne aymé, ains me fusse esforcé de tout mon cueur complaire a Dieu, mon Creatuer ! |[304] O povre creature, je apperçoy bien maintenant de moy ainsy lamenter, |[305] car en amertune et horrible destresse et affliction me fault du monde departir et tresbuscher avecq les ennemys d’enfer qui m’attendent en la perpetuelle mansion plaine de douleur et de eternelle horreur, |[306] mais, d’abondant, je te supplie et requier de tres bon cuer que enhortes et charges ceulx qui mes lamentations ont ouyes, |[307] aulquel [v°] je prie mon Createur qu’ilz ayent tousjours devant l’esconsideration des gemissemens et pleurs que fait la porvre ame, |[308] car faulte de remors de conscience a esté cause de ma dampnation pour les maulx que j’ay faitz. |[309] Et aussi plsueirus fois a peché contre le benoist Sainct Esprit et me suis mis hors de la grace de mon Createur et la lumiere de congnoissance de mon salut. |[310] Et, desobeïssant a mon ange et maintes fois, ay mesprisé ceulx qui bonne vie me monstreoient et le bien m’enseignoient. |[311] Helas, povre creature, que ne congnoissoye je bien ceulx qui le bon conseil me donnoyent, |[312] ce que j’ay voulu fouyr et prins le mal qui tousjours se mectoit au devant de moy ! |[313] et, par ce, maintenant et de rechief, j’apperçoy bien l’horriblemté merveilleuse qui tout entour de moy sont les dyables d’enfer qui me vueillent destruyre et devorer, |[314] lesquelz, par hydeux signes et horribles menasses, crient et brayent entour moy pour me tourmenter, |[315] qui ont les faces si detestables, laydes et difformes que, sans plus parler, le regard d’iceulx assez est cause d’yssir hors du sens [41 r°] et deseperer et mectre l’ame hors du corps et faire partir. |[316] Et, a l’aultre costé, je voy mon bon ange, lequel n’ay voulu croyre, tout triste et doulant et courroucé et loing de moy, qui me faict pouvre semblant de salut. |[317] De mon ame ne de moy reconforter ne luy chault, ains me laisse aggrapir et souffler des ennemis d’enfer ausquelz moy estant en santé j’ay voulu obeÿr. |[318] Et, mesmement, je voy dessus moy le hault et souverain Juge de tout le monde qui comme tout forcené, |[319] qui par sa glorieuse face se courrouce et espouente de la pouvre creature qui a encouru l’indignation du benoist Creatueur de tout le monde. |[320] Et as encouru son yre, lequel tant de biens de grace t’avoit donnéz et, de jour en jour, a prolongé sa grant misericorde en attendant a luy servir, |[321] affin que devers luy me reournasse, ce que riens n’ay voulu faire. |[322] O cruelle sentence irrevocable et sans nul respit que quant je considere le temps, els jours et les grans delaiz |[323] que tant m’a prestéz pour l’amendement de mon salut en actendant [v°] tousjours l’endemain, qui me sont failliz ! |[324] Et maintenant me trouve que ne feiz oncques bien et, pour ce, je suis en telle angoisse et si cruelle destresse que exprimer ne le sçauroie. |[325] O pouvre creature, quelle horrible sentence que opurter me fauldra ! |[326] Et toutesfois soubstenir le me conviendra, car force m’est que je l’endure, |[327] combien que desja voy et apperçoy les borreaulx d’enfer sans nulle pitié quelconques qui m’attendent les bras croiséz pour me tormenter perpetuellement, |[328] car dessoubz moy je apperçoy et sens mon enfer et ma cruelle compaignie et mon douloreux et tenebreux lieu, |[329] auquel sont tenebres espesses pour me pugnir au feu qui est sans flame et sans clarté nulle, pueur horrible pire que souffre, douleur come d’enfanter sans jamais cesser, |[330] criz, braiz et gemissemens sans pouvoir pleurer, meschiefz et destresse a tjousjours perpetuellement sans jmais finer la endroit. |[331] Helas, pouvre creature, si dire l’osoye, les blasphemes de Dieu maugreer Dieu et despiter Dieu si tres cruellement que merveil[42 r°]le, |[332] car j’apperçoy bien que chascum qui y est avec ses maulditz ennemys, qui sont sans repoz nul sinon que pour tormenter tousjours les maes, par quoy leurs douleurs se renouvellent de jour en jour, |[333] Comme je puis apercevoir que ceulx avecq lesquelx nagueres j’estoye cheoient en peché, qui, par grant haune et maltallant, m’attendent pour estre pugniz et tormentéz perpetuellement avecq eulx. |[334] Et sont assiz entre serpens, couleuvres, dragons, escorpions et toutes bestes venimeuses en sy grant habondance que sans nombre. |[335] La endroit est la mort desiree, mais elle est viande sans mourir, car la convient mourir sans mourir. |[336] O cruel et horrible lieu et estable pour moy et pour tous aultres pecheurs. Comme ses angoisses de ma maladie et amertumes accroissent mes maulx et douleurs. |[337] O mauldicte soit l’heure que oncques au monde je nasquiz, quant telle angoisse me fault souffrir ! |[338] O pouvre creature desordonnee, que n’ay je pourveu au salut de mon ame, [v°] veu le temps et l’heure que faire le pouvoye, affin que fusses seigneur de joye perpetuelle ! |[339] Helas, helas, chetive creature, comme je suis battue de tormens pardurables ! |[340] O mauldicte sous, ame qui en si cruel lieu me faiz aller ! Et après toy le corps tireras, que a tes faulx delitz accomply t’ay accompaigné et perdu la joye pardurable. |[341] O la myenne mauvaise voulenté, qui oncques ne cessas d’engendrer toutes angoisses, dont je me trouve pour tousjours meus en paine eternelle ! |[342] O vous, montaignes et rochiers, prenéz pité de moy et vous laisséz cheoir sur moy pour moy confondre et absconcer de la face du Juge, qui tant m’est terrible a veoir et regarder, |[343] Et me tuéz affin que celle plus ne sente dessus, ne dessus ne desoubz, devant ne derriere, a dextre ne a senestre, dehors ne dedans ! |[344] O tristesse, horribleté de tormens et angoisse cruelle et detestable qui pour moy sont appareilléz ! |[345] O vous, creatures formees a la semblance de nostre [43 r°] Saulveur Jhesucrist, prenéz en vous exemple sans aulcunement attendre huy ne demain, |[346] affin que incontinant delaisséz ses qui maynent les pouvres creatures a si cruelle et horrible fin |[347] et se lavent et nectoyent par vraye pure confession et penitence salutaire et appreignent aultrement a mourir, |[348] car vous poucvez bien sçavoir que les jours des hommes et de chascune personne sont briefz comme umbre de soleil |[349] et ne sçait nul, de quelque estat q’ui soit, si Dieu luy donnera grace de vivre jusques au lendemain. |[350] Et, toutesfois, en iceulx jours, on peult acquerir la joye eternelle, qui est sans fin ou peine infinie qui sont ordonnéz devant la constitucion du monde. |[351] Et prie et requiers a ung chascum, en tant qu’il luy touche, prendre sur se mirouer advis affin d’acquerir la joye pardurable, |[352] qui est sine fine in secula seculorum. Amen. Finis.
[v°] |[353] Devote oraison de l’ame raisonnable a Nostre Seigneur Jhesucrist pour recepvoir le sainct sacrement de l’autel.
|[354] O bon Jhesus, combien que soys indigne,
|[355] Pour les pechéz que j’ay faiz et commus,
|[356] De m’approcher du sacrement tres digne
|[357] Lequel est cy en ma presence mys,
|[358] Ce nonobstant, parce qu’avéz promis
|[359] Salut a qui le prendra dignement,
|[360] Je m’y presente en foy devotement.
|[361] Mon bon Jhesus, que je m’estime digne
|[362] Le recepvoir impossible seroit,
|[363] Mais je m’attendz a la doulceur benigne
|[364] De vous Jhesus, qui rigueur ne feroit.
|[365] Las ! Cestuy la lequel s’estimeroit
|[366] Tant juste et bon qu’i fut digne vous prendre,
|[367] Je croy, Jehsus, qu’i pourroit torp mesprendre.
|[368] O bon Jhesus, je croy pour verité
|[369] Que ce que voy, c’est vous et non plus pain.
|[370] C’est costre corps. Vostre ame et Deïté
|[371] Y sont aussi, mon cueur en est certain,
|[372] Par le vouloir divin et souverain
[44 r°] |[373] Et la vertu de voz sainctes parolles
|[374] Qu’a dict le prebstre et non par parabolles.
|[375] O bon Jhesus, ce divin sacrement,
|[376] Avant mourir, en ce monde ordonnastes
|[377] Et, pour des bons estre le saulvement,
|[378] Divinement vous mesmes instituastes,
|[379] Ainsi le croy, et que vous declairastes
|[380] Sue ceulx lesquelz dignement le prendroit
|[381] Apprés leur mort vie eternelle auroient.
|[382] O bon Jhesus, j’ay faict preparatifz
|[383] Vous recepvoir, comme ordonne l’Eglise,
|[384] Soubz ceste espece en cueur lamentatifz
|[385] Dont je n’ay pas si bonne peine mise
|[386] A preparer par bonne et saincte guise
|[387] Mon ame et corps ainsy qu’il appertient,
|[388] Dont en douleur tristesse mon cueur tient.
|[389] O bon Jhesus, saichant la gravité
|[390] De mes pechéz, je crains et faiz doubtance
|[391] De recepvoir la vostre humanité
|[392] De Deïté par moin insuffisance,
|[393] Mais, bon Jhesus, je prens ma suffisance
|[394] En la grandeur de vostre charité,
|[395] Misericorde et grant benignité.
|[396] O bon Jhesus, je vous prie qu’i vous plaise
[v°] |[397] Me pardonner et me donner la grace
|[398] Qu’en vouloir, faict et dict ne vous desplaise
|[399] Et quant a vous mieulx que n’ay faict je face,
|[400] Semblablement, avant que je desplace
|[401] De ce lieu cy, je puisse a saulvement
|[402] Vous recepvoir et non a dampnement.
|[403] O bon Jhesus, en prenant vostre corps,
|[404] Le goust me fault, le toucher et le veoir,
|[405] Mais a l’ouyr tres bien je me recors
|[406] Qu’il fault par foy congnoissance en avoir ?
|[407] Je vous congnois sans vous apercevoir
|[408] Et vous adore, humanité latente
|[409] Et Deïté, par foy vraye et patente.
|[410] Oraison appres communie.
|[411] O bon Jhesus, humblement vous mercye
|[412] Dont vous a pleu de vostre sang et corps
|[413] Rassasier mon ame qui se fie
|[414] Du tout en vous, o Dieu misericors.
|[415] Je croy qu’ay faict avec vous mes accors.
|[416] Par quoy vous prie demeurer avecq moy
|[417] Et moy en vous par bonne et vraye foy.
|[418] O bon Jhesus, que se sainct sacrement
|[419] Soit de peché l’aevacuation,
|[420] De tous abuz l’entier contemnement,
[45 r°] |[421] De volupté l’extermination,
|[422] De tout peché l’abhomination
|[423] Et de vertuz le chemin et la voye
|[424] A celle fin qu’en paradis vous voye.
|[425] O bon Jhesus, que ce soit ma deffence
|[426] Et ferme escu contre mes ennemis.
|[427] Mon instructeur pour plus ne faire offence,
|[428] Le protecteur de parens et amys.
|[429] Par sa vertu mon vouloir soit submis
|[430] A vous servir et me doint patience,
|[431] Charité, foy, esperance et science.
|[432] Explicit
[14] prochain
[15] penser
[19] et es anges
[31] mageue
[35] point faire pour
[40] selon le planettes
[53] il donner f.
[59] tous le jours
[65] aulcuneffois
[84] Entre remission et veu, de biffé
[113] de sa nativité
[121] endurer
[125] resister
[136] enfans lequel pour
[141] nomme
[163] aymer
[183] aultruy yl sera
[185] n’avons mq.
[187] voyone
[194] considere qui c.
[198] pense es griefves ; desservir
[199] tant as courroussé
[202] laisser ; et (après jeunesse) mq. : en (après laisse) mq.
[207] demonstrer
[213] biens qui lors
[217] ensuyvir
[223] Le j. de l’ame répété en haut de 34 r°
[230] mespriser
[234] demander ; ensuyr
[238] tenir esloingnés mq.
[255] ouvrer
[258] aller
[263] haplographie : mort pour mort Mort
[264] haplographie : mort pour mort Mort
[265] durer
[276] travailler
[278] eusse en perpetuel
[279] commencet
[290] ensuyvant
[299] envoyer
[301] avoir obeyr
[310] enseignoit
[315] destetables ; d’iceulx est cause assez est cause d’yssir
[331] maugreez
[333] cheoit
[335] Entre sans mourir et O, sans biffé.
[350] qui et sans