Le ms. Q, Vienne, Bibli. nat. 3391, et l’incunable T, imprimé par Colart Mansion, offrent le même texte. Les seules différences sont celles que l’on rencontre pratiquement toujours entre deux copies d’une même « original » ou lorsqu’un texte est une copie de l’autre : graphies, interversion de deux mots, présence ou omission d’un mot non indispensable. Les deux copies sont, à première vue, excellentes. En principe, nous aurions dû donner la préférence au manuscrit, présumé plus ancien. Nous avons longtemps hésité. Nous avons pourtant fini par choisir de publier le texte de l’incunable avec les variantes du manuscrit. Celui-ci, pour M. C. O’Connor, est du XVe siècle. J’incline, pour ma part, à penser qu’il est de la seconde moitié de ce siècle. L’édition de Mansion étant de 1480, l’antériorité de l’un ou de l’autre est aléatoire. D’autre part, les graphies du ms. sont souvent une source d’embarras : le copiste remplace fréquemment par z l’s final de la deuxième personne du singulier et il lui arrive de mettre un z dont on ne sait trop s’il est la marque du pluriel ou un vague souvenir de la déclinaison. L’écriture, pourtant régulière, est souvent difficile à déchiffrer, ce qui oblige à recourir à l’incunable. Il serait donc paradoxal de ne pas donner la préférence à celui-ci.

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Le ms. M, les xylographes NO et l’incunable P font partie d’une même famille dont M est le représentant le plus ancien. C’est du texte de M ou d’un texte peu différent que procèdent N et O, dont le texte, à son tour, a été reproduit par P avec un nombre peu élevé de variantes banales. L’auteur du xylographe N, suivi de près par ceux de O et de P, tenu de présenter en regard d’une gravure le texte qui la concerne, ne disposait chacun fois que d’une page et il devait la remplir entièrement. Il a donc été obligé de réduire sévèrement le texte de son modèle et de le remanier fréquemment. S’il l’a fait intelligemment, d’une manière générale, il n’en résulte pas moins qu’un relevé des variantes ne fournirait de N et, conséquemment, de O et P qu’un tableau confus et malaisément utilisable. Il nous a paru plus expédient de mettre sous les yeux du lecteur le texte intégral du xylographe N. On trouvera avec ce texte les variantes de O et de P.

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6. Turin, Bibl. Naz. 1674 (L-IV-21), f° 104-110

Le ms. signalé par M. C. O’Connor sous la cote 16741[1] est malheureusement de ceux qui ont été gravement endommagés lors de l’incendie qui a ravagé la Bibliothèque nationale de Turin en 1904. Il a été classé par E. G. Wahlgren[2] parmi les manuscrits « conservés ou identifiés ». En fait, la photographie de deux pages que m’a aimablement fournie la Bibliothèque révèle que ce qui subsiste du manuscrit n’est plus utilisable. Il montre seulement qu’il s’agissait bien d’une traduction française distincte des autres. Le catalogue de Pasini (2 vol., Turin, 1749, p. 475), traitant du Codex XLVI, i. IV. 24, révèle que notre texte a été, avec d’autres, traduit du latin par Guillaume Tignoville. Voici l’incipit qui figurait au f° 104 : Cy commence ung petit traité abregié parlant de l’art de sçavoir bien mourir. Le texte se terminait par Explicit le traittié abregié escript a Gand par moy Jean de Krikenbourg en l’an de grace 1491.


[1] En fait 1674 (L-IV-21 ; Pasini, Gall. XLVI, i IV. 24).

[2] Renseignements sur quelques manuscrits français de la Bibliothèque nationale de Turin (Studier i Modern Spräkvetenskap, XII (1934), 79-124).