[1] |[1]  Combien que le Phylosophe dye en son tiers livre d’Ethiques que « De toutes terribilités la mort du corps est la plus terrible, |[2]  mais la mort de l’ame n’est nullement a comparer a icelle », |[3]  tesmoing de ce saint Augustin, qui dist que « Plus grant dommage est en la perdition d’une ame que de mille corps ». |[4]  Tesmoing aussi monseigneur saint Bernard, qui dist que « Tout cestui monde ne porroit estre estimé au pris d’une ame. » |[5]  Ainsi doncques la mort de l’ame est de tant plus horrible et plus detestable comme elle estp lus noble et plus precieuse que le corps. |[6] Et, pour ce que l’ame est de si grande preciosité, pour ce, le dyable en la derreniere extremité de maladie le tempte et travaille de grandes temptations. |[7] Et pour ce est il grandement de necessité que l’omme pourvoie a son ame affin que par icelle mort elle ne perisse. |[8] Pour quoy, il est expedient que un chascun ayt devant ses yeulx l’art de bien morir, dont nostre intention est de presentement parler, et aussi qu’il pense toudis et ayt devant ses yeulx et en sa memoire l’extreme et der[v°]niere maladie, qui est la mort, |[9] car, comme dit saint Gregore : « Cellui s’acoustume en bonne euvre qui pense et soigne de sa derreniere fin », car, « Se le mal futur est consideré, plus legierement le puet on tollerer et porter », come dit le Saige. |[10] Mais, lasse ! se tres pou d’ommes sont au jour d’hui qui pensent ou s’appareillent a la mort tandis que le temps et espace pour acquerir grace leur est ottroyé. Et la cause est pour ce que un chascun se donne entendre et estime de longuement vivre et, qui pis est, jamais ne cuident morir, |[11]  laquelle chose se fait par la suggestion et temptation du dyable, car pluiseurs, par tele vaine esperance, se oublient et meurent improuveuement. |[12] Et, pour tant, on ne doit nullement donner au malade trop grande esperance de ravoir ou retourner en santé corporele, |[13] car, selon ce que dit Maistre Jan Jarson, chancelier de Paris, « Souvent, par tele fausse consolation e t fausse confidence de recouvrer santé, certes, a la fois, les hommes encourent damnation eternele ». |[14]  Et, pour ce, devant toutes choses soient induis ceulx qui labeurent a la mort aux choses qui necessairement sont requises [2] a sa salvation.

|[15] Premierement, qu’il croye ainsi comme ung bon crestien doit croire, joieux de ce qu’il morra en la foy de Jhesucrist et en l’obeïssance et union de sainte Eglise.

|[16] Secundement, que le pecheur recognoisse avoir griefment offensé Nostre benoit Sauveur Jhesucrist et en avoir grant doleur et repentance.

|[17] Tiercement, qu’il propose soy vraiement amender s’il retourne de sa maladie et promet de non jamais rencheïr en pechié.

|[18] Quartement, qu’il pardonne a tous ceulx qui lui ont meffait, pour l’maour de Dieu, son Createur, et qu’il demande paron a ceulx a qui il a meffait.

|[19] Quintement, de l’ammonnester qu’il restitue a chascun se aucune chose a de l’autrui.

Sixtement, qu’il recognoisse que Nostre benoit Sauveur Jhesucrist est mort en la croix pour lui et que autrement ne pouoit estre sauvé fors par les merites de sa benoite passion, dont il lui en doit rendre graces tant comme il puet.

|[20] Auqueles choses s’il y respond de bon cuer, c’est signe qu’il sera du nombre des sauvés.

|[21] En aprés soit le malade soingneusement induit au droit usage des sains sa[v°]cremens de nostre Mere saincte Eglise. Premierement, affin que par vraie contrition il face entiere confession en recevant aussi tous les autres sacremens de saincte Eglise. |[22] Et, s’aucun n’estoit par aventure interroguie ou informé des choses dessus dictes par autrui, si doit il soi meismes interroguier en considerant s’il puet estre disposéz aux choses dessus dictes. |[23] Cellui doncques qui ainsi est disposé se commette du tout a la passion de Nostre benoit Sauveur Jhesucrist en ruminant et contemplant continuelment icelle, car, par ceste meditation, toutes les temptations du dyable et souverainement touchant la foy seront surmontees et confondues. |[24] Pour quoy il est a noter que ceulx qui agonissent a la mort ontp lus grieves temptations qu’ilz n’eurent oncques par avant en leur vie, |[25] les queles sont .v., comme il apperra cy aprés. Contre les quelles le bon angele leur enhorte et donne a l’encontre .v. bonnes inspirations, |[26] mais, affin que a tous ceste matiere soit fructueuse et que nul de la speculation et consideration d’icelle ne soit exclus et debouté, ains aprengne sainctement a [3] morir, |[27] il est necessaire a tous, tant clers que lais, de savoir icelles temptations affin de pourveoir aux cauteles du dyable et avoir devant les yeulx les inspirations du bon esperit |[28]  comme un miroir ouquel nous speculons et regardons toutes choses passees et futures comme presentes. |[29] Qui donques veult bien morir il doit bien et diligentement considerer les choses qui s’ensieuvent.

|[30] La premiere temptation que le dyable fait au malade est de la foy Jhesucrist.

|[31] Pour ce que la foy est le fondement de tout salut et sans elle nul ne puet parvenir a salvation, |[32] tesmoing ce que dit monseigneur saint Augustin : « Foy est le fondement de tous biens et commencement de la salvation humaine. » |[33] Et saint Bernard dit que « Foy est commencement du salut humain sans laquele nul ne puet estre du nombre des filz de Dieu et aussi, sans elle, tout le labeur de l’omme est vain et nul. » |[34] Et, pour ce, le dyable, ennemy de tout humain gendre, s’esforce de [v°] toute sa puissance oster icelle totalement |[35] ou au moins de devier ou fourvoier l’omme d’icelle en son extremité et a ce labeure monlt soutilement, disant : |[36]  « O toy, povre et miserable homme, tu es et as longuement demouré en grant erreur. Il n’est pas ainsi comme tu crois ne comme les religieux preschent et vous donnent a entendre. |[37] Enfer est rompu et, quelque chose que l’omme face, soit qu’il occise autrui ou soy mesmes, avec ou par indiscrete penitence comme aucuns ont fait, ou qu’il adore les ydoles comme font les roys payens etp luiseurs autres nations, |[38] n’est il point tout un en la fin ? Car nul n’en retourne.   A toy dire la verité, ta foy n’est riens, ains est une chose frivole. » |[39] Par teles et samblables parolles et suggestions labeure le dyable environ le malade en son extremité affin qu’il le pervertisse et oste de sa foy, car bien scet que, se le fondement chiet, il convient neccessairement que tout ce qui dessus est ediffié viengne a perdition et en ruyne. |[40]  Il est toutesfois a savoir que le dyable ne puet constraindre l’omme a aucune temptation ne aucunement [4] surmonter ne constraindre qu’il se consente a lui aussi longuement qu’il a usance et entendement de raison |[41]  s’il meismes de sa France et deliberee volonté ne s’i consent, la quele chose sur toutes est a eschever et fouyr, |[42] car, comme dit l’Apostre : « Le tres leal Dieu, nostre benoit Createur, ne vous soufferra point tempter par dessus ce que porrés souffrir, mais il vous fera pourvance de sa grace que vous pourrés soustenir et vaincre la temptation. »

|[43] La bonne inspiration de l’angele au malade touchant la foy.

|[44] A l’encontre de la premiere temptation que a fait le dyable a l’omme malade vient le bon angele qui lui donne bonne inspiration en tele maniere : « O homme, ne vueilles croire aux mauvaises et pestiferes suggestions du dyable, ennemi de toute verité, car il est menteur. Il, en mentant, deceut les premiers parens,. Pour quoy ne vueilles aucunement doubter en la foy, |[45]  combien que, par ton sens et entendement, tu ne le puisses comprendre, car, se comprendre le pouoies [v°] elle nullement ne te seroit meritoire. |[46] Comme dist monseigneur sainct Gregoire : « Foy n’a point de merite a la quele raison humaine donne experiment. » |[47] Mais ayes en memoire les parolles des sains Peres, assavoir de sainctPol parlant aux Hebreux en son .XVe. chappitre, disant : « Il est impossible de plaire a Dieu sans foy. » |[48] Et sainct Jehan en son tiers chappitre dist : « Cellui qui ne croit en la foy de Jhesucrist est desja jugié. » |[49] Sainct Bernard aussi dist : « Foy est la primogenité entre toutes les autres vertus. » |[50] Et oultre dist que « La Vierge Marie fut plus beneüree en percevant et prenant la foy que en recevant la precieuse char de Jhesucrist ». |[51] Considere aussi et imprime en ton cuer la vraie foy que eurent jadis les anchiens et loyaux patriarches, assavoir Abraham, Ysaac et Jacob, et d’aucuns gentilz come Job, Raab, la fole femme, et de elurs samblables. |[52] Pareillement, considere la grande foy des sains apostres, celle immuable des martirs confesseurs et des vierges, car, par celle foy, tous les anciens Peres et les modernes compleurent a Dieu, Nostre Sauveur. |[53] Par vraie foy, sainct PIere deambula [5] et passa sur les eaues. Sainct Jehan Euvangeliste en vraie foy beut le mortel venin sans qu’il lui nuysist en riens. Les montaignes de Caspie a la priere et foy du roy Alexandre s’assamblerent non obstant qu’il fust payen. |[54] Et ainsi appert que foy est de Dieu benoite. Pour quoy tu dois virilement et puissamment resister au dyable et croire fermement tous les commandemens de saincte Eglise, |[55] car elle ne puet errer, attendu qu’elle est gouvernee du SainctEsperit.

|[56] Notes que le malade, tantost qu’il se sent tempté d’aucunes choses contre la foy il doit premierement penser et ramener en sa memoire combien la foy est neccessaire, car sans elle nul ne puet estre sauvé. |[57] Secondement, il doit penser comment elle est proufitable et combien, car elle puet toutes choses, si comme Nostre Seigneur le dit : Omnia sunt possibilia credenti « Toutes choses sont possibles au creant ». |[58] Et aincoires dist : « Quelconques choses en priant me demanderés, creés que vous le receverés et obtenderés. » |[59] Et par ceste maniere le malade, moyenant la grace de Dieu, resistera a la temptation du dyable. |[60] Et pour ce est il [v°] bon que a haute voix on lise environ le malade le Credo in Deum par pluiseurs fois affin qu’il croie plus fermement et que plus constamment demeure en vraie foy, car le dyable a grant horreur de oÿr parler de la creance et ainsi se depart confus du malade.

|[61] La seconde temptation que fait le dyable de desperation.

|[62] Secundement, le dyable tempte l’omme agonizant par desespoir, qui est contre esperance et confidence que l’omme doit avoir enDieu, Nostre benoit Sauveur. |[63] Quant l’omme donques est traveillié et tourmenté de doleurs et passions en son corps, lors le dyable lui amaine doleur sur doleurs en lui mettant au devant ses pechiéz innumerables qu’il oncques fist, especialment ceulx qu’il n’a oncques confesséz en sa vie, affin qu’il le mette en desesperation, et lui dist teles paroles : |[64] « Toy, miserable homme, que cuides tu faire ? Regarde tes pechiéz, qui sont si grans que tu n’en pués jamais acquerre pardon. Mais tu pués bien dire avec Caÿm : ‘Plus grande et mon iniquité que n’est la misericorde que je puisse [6] desservir ne avoir.’ |[65] Regarde commelt les commandemens de Dieu as transgressé et trespassé, car premierement tu n’as pas amé et honnouré Dieu par dessus toutes choses. |[66] Tu as fait aux hommes injure et toutesfois tu scés bien que nul ne puet estre sauvé s’il n’a bien gardé les commandemens de Dieu, |[67] car il mesmes dit : ‘Se tu veulz estre sauvé et avoir la vie eternele, garde les comandemens.’ |[68] Mais tu as vescu orguilleusement, avaricieusement, gloutement, yracondieusement, envieusement, luxurieusement et parecheusement. Nonobstant, tu as souvent oÿ preschier que, pour un pechié mortel, l’omme puet estre dempné. |[69] En oultre, tu n’as point accompli les sept euvres de misricorde, la quele chose principalement requerra Dieu, Nostre Seigneur en l’extreme jour du Jugement comme lui meisme le tesmoingne, disant a ceulx qui a sa senestre seront : |[70] ‘Alés, maudis, ou feu pardurable et eternel, car j’ay eu fain et vous ne m’avés pas donné a mengier, j’ay eu soif et si ne m’avés donné que boire, j’ay esté nud et vous ne m’avés pas donné a vestir, prisonnier ay esté et vous ne [v°] m’avés pasvisité.’ » Et ainsi arguera l’omme touchant les euvres de misericorde. |[71] Et pour ce dist sainct Jaque : « Jugement sans misericorde sera fait a cellui qui n’aura esté misericordieux sur la terre. » |[72] Tu vois aussi que pluiseurs, jour et nuit, ont laborieusement veillié en la loy de Dieu, Nostre Seigneur, qui toutesfois n’osent nullement presumer de leursauvement, |[73] car nul ne scet s’il est digne d’estre améz ou d’estre haÿs. Et, pour ce, a toy n’est delaissie aucune esperance de salut. » |[74] Par teles et samblables choses induit le dyable le povre homme a desperation, laquele par dessus toutes les mauvaises choses est a fouyr, attendu qu’elle directement est contre la misericorde de Dieu, laquelle seule nous, sauve, |[75] tesmoing le prophete : « Par la misericorde de Dieu, nous ne srons point consuméz. » |[76] Et monseigneur sainct Augustin dit : « Un chascun homme mis en pechié, s’il se desespoire de vray pardon, il pert du tout d’avoir misericorde. » |[77] Certes, nulle chose ne offense tant Dieu que desesperer de sa misericorde.

|[78] La seconde inspiration que fait le bon angele contre la temptation de desperation.

[7] |[79] Contre la seconde temptation que a fait le dyable au malade de desperation donne le bon angele ceste bonne inspiration et dist : « O homme, pourquoy te desespoires tu ? |[80] Combien que ayes perpetré autant de larechins, de murdres et de roberies qu’il y a de gouttes d’eaue en la mer |[81] et, oultre plus, se toy seul eusses commis et perpetré tous les pechiés du monde et que d’iceulx en ta vie n’en eusses onques fait aucune penitance |[82] ne les eusses aussi confessés ou que tu n’eusses eu aucune faculté ou maniere de les confesser, |[83] toutesfois si ne te dois nullement desesperer, car, en tel cas, il souffist seulement avoir contrition et repentance par dedens son cuer, |[84] tesmoing le Psalmiste, qui dit : ‘Sire, tu ne despriseras pas le cuer contrit et humilie par repentance.’ |[85] Et Ezechiel dist : ‘En quelconque heure que le pecheur gemira et aura contrition, il sera sauvé.’ |[86] Sainct Bernard dist aussi que ‘Plus grende est la pitié et misericorde de Dieu que quelconque iniquité’. |[87] Et sainct Augustin dist : ‘Plus puet Nostre Seigneur Dieu pardonner que l’omme ne puet pechier.’ |[88] Et aincoires plus, quant il seroit no[v°]toire que tu deusses estre du nombre des dampnés, si ne te deveroies nullement desesperer. |[89] Pour ce que par desperation autre chose ne se fait sinon par elle, le tres debonnaire Dieu est trop plus offendu et les autres pechiéz en sont plus fort aggravés |[90]  et la paine eternele plus grieve et plus augmentee. Aussi fut Jhesucrist crucifié pour les pecheurs et non pas pour les justes, comme lui meïsmes le tesmoingne, disant : |[91]  ‘Je ne suis pas venu appellet les justes mais les pecheurs.’ |[92] Ayes aussy exemple a saint Piere qui renoya NostreSeigneur, sainct Pol qui persecutoit l’Eglise, Mathieu, Zacheus, publicans, |[93] Marie Magdelene, pecherresse, la femme qui fut reprise en adultere, ou larron qui pendi en la croix deléz Jhesucrist et de MarieEgyptiaque. |[94] Notéz que, aussi tost que le malade se sentira tempté de desperation, il doit penser que elle est pire et plus dampnable de tous les autres pechiéz, |[95] pour quoy on ne la doit en nulle maniere admettre ne souffrir pour quelconque pechié que l’omme ait fait, |[96] car, comme dist moseigneur sainctAugustin : [8] ‘Plus pecha Judas en sa desperation que ne firent les Juis en crucefiant Jhescrist.’ |[97] Secondement doit le malade penser com prouffitable et utile et aussy tres neccessaire est esperance, car, selon ce que dist monseigneur saint Crisostome : ‘Esperance est l’anchre de nostre salut et le fondement de nostre vie et le conducteur par lquel on va au chemin du ciel.’ |[98] Et, pour ce, jamais esperance n’est a delaissier pour quelconque pechié que ce soit. »

|[99] La tierce temptation que fait le dyable au malade : de impatience.

|[100] Tiercement, le dyable tempte l’omme par impatience, la quele s’engendre de grande maladie, disant : |[101] « Pourquoy tu, meschant, sueffres ceste grieve dolour qui est intolerable a toute creature et a toy du tout inutile ? Ne aussi par tes dessertes tu ne dois pas avoir tant de doleur, |[102] car il est escript que ‘Es paines doit estre faitte plus benigne et gracieuse interpretation’. |[103] Et, avec ce, qui est chose plus grieve, il n’est aucun qui ait compassion de toy, qui est contre raison et faire ne se [v°] doit, nul ne doubte, |[104] car, combien que les amis ayent de toy compassion de bouche, toutesfois ilz, de ltoute leur pensee, desirent instaument ta mort pour avoir les biens qui aprés ta mort demourront. |[105] Et, qui plus est, l’ame de ton corps departie, a pou vouldront tes hoirs herbegier icellui par l’espace d’un jour pour toute ta substance qui leur est demouree. » |[106]  Par telz et samblables enhortemens qui tendent a impacience et qui directement sont contre charité, par laquele nous sur toutes choses commes tenu d’amer Dier, se efforce le dyable mener l’omme ad ce qu’il perde ses merites. |[107] Notes que cellui qui doit morir a souvent moult grant doleur corporelle, principalement pour ce qu’ilz ne meurent point de mort naturele, |[108] si comme l’experience l’enseigne manifestement, car les aucuns meurent souvent par mort accidentale, comme de fievres ou d’apostumes ou d’autres maladies grieves et longues, par leur mauvais gouvernement. |[109] Les queles maladies sont souvent cause que les personnes ne sont pas disposees a bonne pacience [9] et prendre en gré la mort, ains murmrent et par impacience renoyent et despitent celuui qu’ilz deveroient evoquier et appeler comme cellui qui leur est souverain medecin et au corps et a l’ame. |[110] Et a ce les amaine le dyable affin que leur fin soit tele comme a esté leur vie. Ceste chose a souvent esté veue en pluiseurs, dont c’est dommage irréparable. |[111] Pour quoy il appert que telz hommes deffaillent en charité, |[112] comme tesmoigne monseigneur sainct Jheromme, disant : « Se aucun sueffre grant doleur en sa maladie ou en sa mort, c’estsigne qu’il n’a pas amé Dieu souffisanment ; » |[113] Et sainct Pol dist : « Charité est paciente et benigne. »

|[114] Bonne inspiration que donne l’angele de pacience contre la precedente temptaiton de impacience.

|[115] Contre la tierce temptacion que le dyable a fait au malade de impacience donne l’angele inspiration, disant : |[116] « O homme, tourne toy etsi oste de impacience ton coraige, par la quele le diable, par ses morteles instigations, ne quiert [v°] autre chose que le detriment de ton ame, |[117] car par impacience et murumure l’ame se pert ainsi comme par la pacience on la possesse et retient, |[118] tesmoing sainct Gregoire, qui dist : ‘Nul murmurant puet avoir le royaume des cieulx.’ |[119] Toy doncques, n’ayes regart a ta maladie qui t’est moult legiere au regart de ce que tu as deservi par tes demerites et ne te vueilles ennoyer |[120] comme elle te soit comme un purgatoire devant la mort, |[121] voire se tu le porte paciemment pour l’onneur deDieu comme il appartient, sans murmure, car il n’est pas seulement aggreable ne necessaire de porte les choses qui sont a consolation |[122] mais aussi de porter paciemment les choses qui sont d’affliction, comme dist sainct Gregoire : |[123] ‘Nostre Seigneur envoie a l’omme misericordieusement la severité temporele affin qu’il ne enchiee en la vengance eternele et tourment pardurable.’ |[124] Et monseigneur sainct Augustin dit a ce propos : ‘Sire Dieu omnipotent, soit ton plaisir de moy ici bruler et tourmenter affin que me pardonnes eternelement.’ [10] |[125] Ne te vueilles doncques troubler des tribulations de cest monde, car ilz te demonstrent que tu ne dois relenquir ne delaissier Jhesucrist, |[126] comme dist sainct Augustin : ‘Les maulz qui nous punissent en ce monde nous constraingnent aller a Dieu.’ |[127] Ainsi donques le salut de l’ame n’est pas es plaisances de la char mais plus tost eternele dampnation. |[128] Jouxte sainct Augustin, qui dit : ‘Le plus manifeste signe de dampnation est quant l’omme joÿst de tous ses plaisirs et est amé du monde.’ |[129] Et derechief il dit : ‘Et se donne merveilles que les pierres ne s’eslievent en solas de ceulx qui doivent estre eternelement dampnés, |[130] mais aincoires se donne il plus grant merveilles que icelles meismes pierres ne s’eslievent ou peril et detriment de ceulx qui doivent eternelement estre sauvés.’ |[131] Enchasse doncques et deboute de toy impacience comme pestilence violente et contagieuse et prens pacience, tres fort escu par lequel tous les ennemis de l’ame sont legierement surmontés, |[132] et regarde le tresp acient Jhesucrist et tous les sains martirs jusques a la mort. |[133] Notes que, quant le malade se sent tempter [v°] par impacience, il doit premierement considerer qu’elle est moult nuisible a l’omme, car, par lui troubler et couroucier, il se depart de Nostre Seigneur, |[134] comme il meismes dist : ‘Sur qui reposera mon esperit fors sur cellui qui est paisible et humble de cuer.’ |[135] Il considere secondement que pacience est et doit estre gardee par grand sollicitude premierement, car elle est neccessaire. A ce propos dit sainct Pol : ‘Pacience vous est moult neccessaire a parvenir ou royame des cieulx.’ |[136] Et David dist qu’il convenoit a Jhesucrist souffrir la mort et ainsi par celle pacience entrer en sa gloire. |[137] Et sainct Gregoire dist : ‘Jamais concorde ne se puet garder fors par pacience.’ |[138] Secondement, car elle est prouffitable, comme dist NostreSeigneur : ‘En vos paciences vous possiderés vos ames.’ |[139]  Et sainct Gregoire dit : ‘Porter choses adverses est de plus grant merite que de soy traveillier en bonnes euvres.’ |[140] Et oultre dist : ‘Sans fer, c’est a dire sans l’effusion de nostre sang, nous pouons bien estre martirs se vraiement nous portons en nostre corage pacience.’ |[141] Et Salomon dist que ‘L’omme partient [11] est meilleur de l’omme fort. Et cellui qui domine son corage est plus fort de cellui qui assault par batailles les cités.’ »

|[142] La quarte temptacio nque fait ledyable a l’omme malade est de vaine gloire.

|[143] Quartement tempte le dyable l’omme par la plaisance de soy meismes, qui est appellee orgueil espirituel, par lequel il traveille plus les devotes et religieuses personnes et meismes les plus parfais que de nul autre vice, |[144] car, quant le dyable ne puet induire l’omme a devier de la foy et le mettre en desperation ou en impacience, |[145] adont l’assault il par luy meismes complaire, qui est vaine gloire, en lui gettant teles penssees en son cuer : |[146] « O homme, comme tu es fermes et certain en la foy et en vraie esperance et comment tu es constant et pacient en ta maladie ! |[147] O que tu as fait en ta vie moult de bonnes euvres ! Certes, tu te doibs moult glorifier en toy mesmes de ce que tu n’es pas ainsi ne tel comme ces autres hommes qui ont fait et perpetré infinis maulx [v°] et toutesfois, par seul gemissement de repentance, ilz sont parvenus au royame des cieulx. |[148] Ainsi doncques, de raison on ne le te puet denier, car tu as virilement btailllié contre les vices. Prens doncques la couronne de gloire qui t’est appareillie et le siege plus hault de tous les autres obtendras.’ |[149] Par teles et samblables vantances et eslievement de corage labeure instamment le dyable affin qu’il puist induire l’omme a estre orguilleux espirituelement, qui est vaine gloire. |[150] Pour quoy il est a noter que ceste vaine gloire est moult a fouyr par dessus tous vices pour mluiseurs raisons. Premierement, car par elle l’omme est fait samblable au dyable, car seulement par orgueil l’angele fut fait dyable. |[151] Secondement, car par elle l’ome commet et enchiet ou pechié de blasphemie par ce que le bien qu’il a receu de Dieu, il presume l’avoir de soy meismes. |[152] Tiercement, car sa delectation porroit, en ceste vanité, estre si grande qu’il seroit eternelement dampnés. |[153]  A ce, monseigneur [12] sainct Gregoire : « Quant aucun, en remembrant les biens qu’il a fais, se eslieve en soy meismes, il chiet de la face et presence de l’aucteur de humilité. » |[154] Et saint Augustin dit : « Se l’omme se justifie et presume de sa justice, il dechiet de la gloire celestre. »

|[155] Bonne inspiration de l’angelele pour ratraire l’omme de vaine gloire.

|[156] Contre la precedente temptation de vaine gloire donne l’angele au malade tele bonne inspiration et dist : |[157] « O chaitif et miserable homme, pour pour quoy te enorguillis, toy attribuant constance en foy, esperance et pacience, laquele est seulement a attribuer a Dieu, |[158] arrtendu que de toy meismes n’as aucun pou de bien, disant nostre Seigneur : ‘Sans moy ne poés faire aucune chose’ ? |[159] Et ailleurs est escript : ‘Ne te enorguillis et ne te vantes ne ne exauches desraisonnablement et de toy ne vueilels presumer de attribuer a toy aucune chose de bien.’ |[160] Car Nostre Seigneur a dit que : ‘Cellui qui se exaucera sera hu[v°]milié.’ |[161] Et en outre dist : ‘Vous, hommes, se vous n’estes aussi humbles comme ce petit enfant, vous n’enterrés ja ou regne des cieulx.’ |[162]  ― ‘Humilies toy doncques et tu seras exauchiés’, comme a dit Nostre Seigneur. |[163] Et sainct Augustin dit : ‘Se tu te humilies, Dieu descendera a toy et, se tu te exauches, Dieu se departira de toy.’ |[164] Oste doncques ta pensee d’orgueil, lequel fist de Lucifer, le trebel angele, le tres plus lait detous les dyables |[165] et du hault du ciel le jetta ou plus parfont d’enfer, et lequel orgueil fut cause de tous pechiés. |[166] Comme dit sainct Bernard : ‘L’entree et commencement de tous vices et la cause de toute perdition est orgueil. |[167] Oste, dist il, cestui vice et, de legier et sans aucun labeur, tu osteras tous autres vices.’ |[168] Il est a noter singulierement que, toutes les fois que le malade se sent tempter d’orgueil et de vaine gloire, il doit premierement penser |[169] que cestui pechié desplait tant a Dieu que, a l’occasion d’icellui seulement, le tres plus noble des creatures, Lucifer, avec tous ses complices et adherens, fut precipé et trebuchié [13] ou parfont d’enfer, eternelement dampné. |[170] Et ainsi, par tele consideration, l’omme s’abaissera et humiliera et recordera ses pechiés par contrition de cuer, car il doit ignorer s’il est digne de la hayne ou amour deDieu, |[171] et si doit principalementp rendre exemple a sainct Anthoine, auquel le dyable dist : |[172]  ‘O Anthoine, tu m’as vaincu, car, quant je te vuelz exaulchier, tu te desprises et, quant je te vueil abaissier, tu te exauches.’ |[173] Secundement, il doit penser que humilité pleut tant a Dieu qu’elle fut la cause et occasion pourquoi la benoite Vierge Marie conceut le Filz de Dieu et fut exaulcie par dessus les chors des angeles. »

|[174] La quinte et derreniere temptation que fait le diable au malade : d’avarice.

|[175] La cinquiesme temptation que fait l’ennemy a cellui qui labeure a la mort et especialement plus les seculiers et mondains et ceulx qui sont empeschiés es choses terriennes et exteriores |[176] comme a leurs femmes, enfans et [v°] amis charnelz, lesquelz ilz en leurs vies ont le plus amé, et generalement a ceulx qui ont fort mis leur cuer en richesses tomporeles. |[177] Par lesqueles choses dessus dictes le dyable traveille moult l’omme et dit : |[178] « O meschant et maleureux home, tu maintenant delaisses toutes tes richesses temporelles, lesqueles par grande solicitude et laveurs tu as asembleez, |[179] aussi delaisses ta femme, tes enfans, tes chiers et prochains amis et toutes choses desirables en cestui monde, especialement tes riches joyaux, robes et beaux chevaulx, |[180] esquelz moult te delittoyes et qui te seroient en grant solas se plus longuement vivre pouoies. O quel et com grant dommage aront tes beaux enfans en ta mort ! Ta femme, qui tant estoit de toy amee et chierie, que devendra elle ?  Certes, ta mort sera occasion de moult d’angoisses. » |[181] Teles et samblables temptations met le dyable au devant du malade affin que, par l’amour et convoitise des choses terriennes et mondaines, il le destourne de l’amour de Dieu, son Redempteur, et du salut et salvation de son ame. [14] |[182] Pourquoy est singulierement a noter que au pacient en son extremité ne lui soient ramenés a memore sa femme, ses enfans, ses amis corpirelz, ses richesses et autres choses temporeles |[183] fors en tant que la santé espirituele du malade le requiert, comme de ordonner son testament affin de eviter devas et procés entre amis aprés sa mort, car autrement ce lui seroit un trop grant peril. |[184] toutesfois, on doit lors, de toutes forces et vertus, entendre et amminnester le malade en son extremite des choses appertenans au salut de son ame |[185] en le revocant et eslonguant des choses temporeles et charneles, car moult perilleuse chose est d’en estre lors occupé d’y penser.

|[186] Une bonne inspiration que donne l’angele a l’encontre d’avarice des choses temporeles.

|[187] Contre la quite et derreniere temptation que a fait l’ennemi au malade donne l’angele la bonne inspiration qui ensieut et dist : |[188] « O homme, destourne et estouppe tes oreilles contre ces mortiferes suffestions du dyable, par les[v°]queles il s’esforce toy intoxiquier et envenimer. |[189] Je te prie que vueilles mettre arriere et en oubli, totalement oster de ta memoire les richesses terriennes et choses mandaines, car elles ne te peuent en riens aidier a ton salut, mais par contraire te peuent conferer et porter grant empeschement. Ayes remembrance des parolles de Nostre Seinguer parlant a ceulx qui leurs corages mettent et se adherdent a teles vanitéz : |[190] ‘Se l’omme n’aura renuncié a toutes les choes qu’il ossede, il ne puet estre mon disciple.’ |[191] Et aincoires Nostre Seigneur : ‘Se aucun vient a moy et n’a en hayne son pére, sa mere, sa femme, ses filz, ses freres, ses sereurs et meismes son ame, aincoires ne puet il estre mon disciple.’ |[192] En oultre, a ceulx qui ont renuncié aux choses dessus dictes dit Jhesucrist : ‘Et cellui qui relenquira sa maison ou ses freres, ses sereurs ou son pére, sa mere ou sa femme, ses enfans ou ses richeses pour mon nom, il en recevera cent doubles et possedera la vie eternele.’ |[193] Ramaine a ta memoire les povretéz et angoisses que Jhesucrist souffri en la crox pour te rachater [15] des paines d’enfer en delaissant volentairement sa tres amee mere et ses tres chiers disciples pour ton salut. |[194] Considere aussi que tant de sains hommes l’on ensiuvi par martire en contempnant les vanités temporeles affin de oÿr ou Jugement derrenier ceste benigne sentence : |[195] ‘Venés, les benois de mon Pére, possessés le royame qui vous est appareillié dés le commencement du monde.’ |[196] Imprime doncques ces choses en ta pensee et tu reputeras et debouteras de toy comme venin les voluptés transsitores de ce monde. Convertis ton cuer entierement a povreté volontaire et, en ce faisant, t’est deu le regne du ciel comme chose promise |[197] par la bouce de Nostre Seigneur, disant : ‘Benois soient les povres d’esperit, car a eulx appartient le royame des cieulx.’ |[198] Commés toy doncques et te voe du tout a un tel Seigneur qui te confere et donne richesses si plaines et si delectables qu’elles ne sont a estimer. Fonde totalement ta pensee en lui sans varier. |[199] Notes que, quant le malade se sent tempter d’avarice ou des choses terriennes, il doit premierement considerer que teles voluptés et amour [v°] desordonnee separe l’ame de la compaignie de Dieu et des sains, |[200] comme tesmoingne monseigneur sainct Gregoire, qui dit : ‘Tant comme aucun se desjoinct et separe de la supernele amour, tant plus s’abaisse ici en choses vaines et transitoires, es queles il se delitte.’ |[201] Secondement, il doit considerer que volontaire povreté beatifie l’omme et le maine ou ciel comme Nostre Seigneur mesmes le dit.

|[202] L’ordonnance et maniere qui est necessaire a tenir envers les agonizans et ceulx qui labeurent a la mort.

|[203] De cellui qui est en ses derrenieres paines, puet on, a raison et usage de parler, dye ses oroisons et devotions en invocant Dieu premierement qu’il, par son ineffable misericorde et par la vertu et merite de sa benoite passion, lui plaise et daigne recevoir en sa merci. |[204] Secondement, il doit diligentement invocquier et appeler la benoite et glorieuse Vierge Marie affin qu’elle soit en son ayde et moien envers son tres chier filz Jhesucrist, nostre benoit Redempteur. Puis doit appeler tous les [16] sains angeles de paradis et principalement cellui qui lui fut deputé pour sa garde, |[205] en aprés les sains apostres, confés et vierges et plus especialement ceulx lesquelz il en sa vie et santé avoit servi et honnouré et les plus amés, |[206] les ymages desquelz avec celle du crucifix et de la Vierge Marie lui doivent estre presentés et mis en sa veue. |[207] Item, il doit dire ou autrui pour lui trois fois cestui vers du psaultier : Disrupisti, Domine, vincula mea. Tibi sacrificabo hostiam laudis, et cetera. qui est a dire en francois : « Sire et mon benoit Createur, tu as rompu mes loyens, c’est a dire mes pechiés, pourquoy je sacrefierai a toy hostie de loenge et je invocqueray le nom de Nostre Seigneur. » |[208] Cestui vers, comme distCassiodire, est de si grant vertu que, se on le dit en la fin en vraie contrition et confession, on croit que tous les pechiés de l’omme soient pardonnés. |[209] En oultre, dye trois fois ces parolles ou samblables qui sont escriptes, comme l’en dist, en la Somme de sainct Augustin : |[210] « La paix de Nostre benoit Sauveur Jhesucrits et la vertu de sa saincte passion et le seigne de la saincte croix et l’integrité de la [v°] glorieuse Vierge Marie |[211] et la benediction de tous sains et sainctes, la garde des sains angeles, aussi les suffrages de tous les esleus de Dieu |[212] soient entre moy et tous mes anemis visibles et invisbles enceste heure de ma mort. Amen. » |[213] Et derrenierement dye le malade ou autre pour lui se dire ne le puet : In manus tuas, Domine, commendo spiritum meum, » Sire, en tes mains commande mon esperit », et le dire a haute voix. |[214] Se le malade ne scet ou ne puet dire les dictes oroisons, soit aucuns des assistens qui a haute voix devant lui dyeoroisons et hystoires devotes esqueles en sa vie et santé, il avoit eu singuliere devotion |[215] et il en son cuer prie en grand desir pour la misericorde divine en tant qu’il puet et a aincoires entendement. Notes que pour ce que tout le salut et sauvement de l’ome gist en sa fin, |[216] un chascun doitsongnier et estre soliciteux soi pourveoir d’un loial ami et devot, ydone et sage, |[217] lequel en son extremité l’accompaigne layalment et l’incite et encorage a estre constant en la foy, pacient et perseverant en devotion et qui face devotes prieres et oroisons [17] pour lui |[218] et l’ammonneste de endurer paciemment la mort pour l’amour de celle que Nostre Sauveur Jhesucrist souffrit pour luy, |[219] mais, lasse, pou sont au jour d’huy qui assistent ou compaignent loyalment leurs prochains amis pour les ammonnester ou informer de leur salut ! |[220] Ains, plus tost les visitent affin de tirer d’eulx leurs richesses ou aucuns autres dons a leur singulier prouffit ou de leur conforter du retour et que point ne morront de ceste maladie. Par quoy il avient souvent que les povres maleureux meurent improuveus, dont leur ame sont miserablement peries.

|[221] S’ensieut l’orrible miroir que descript sainct Jheromme touchant la mort.

« Mes tres chiers freres, dist monseigneur sainct Jheromme, sachiéz que l’ame istera du corps non pas de son gré mais en grant crainte, |[222] car, ainsi comme Adam combati contre Lucifer et fut vaincu, ainsi conbatera l’ame contre le ocrps et contre la mort et sera aussi vaincue. |[223] Et comme Adam, puis qu’il fut [v°] vaincu, fut bouté hors de paradis, pareillement, quant l’ame est vaincue de la mort, elle est expulsee et chassie hors du corps. |[224] Et, quant l’orrible mort lie le corps et a victore de lui, lors dist elle par trois fois « O ! O ! O ! », comme s’elle voloit dire : |[225] « O ! com orguilleux tu as esté jusques a ceste heure ! O ! com delicieusement as vescu en boire et mengier ! |[226] O ! comme tu as esté precieusement et pompeusement vestu !  Comme fort ! Combien legier !  Je te pris, dy moy pour quoy ne te enorguillis tu maintenant ? |[227] Ou est ton esperance ? Pourquoy ne ez tu richement vestus ? Pourquoy ne te relues tu ? Ou sont maintenant tes forces ? |[228] Pourquoy n’as tu cure de tes opulentes richesses, de ton argent, de ton or, de tes vestemens precieux, de ta beauté, de ta femme, de tes filz et filles, de tes cousins et amis ? |[229] Et ou est ta puissance ? Pourquoy ne combas contre moy fortement ? !  Bien voy que maitnenant t’ay vaincu. Et ne t’ay je lyé mains et piedz ? |[230] Pourquoy ne recognois tu tes amis ?  Pourquoy ne parles tu a moy ? Tes dentes, pourquoy sont ilz desnuéz ?  Pourquoy sont tes yeulx clos ? [18] |[231] Tes narines, pour quoy sont elles si angoisseuses ? Pourquoy se appallist ainsi ta face et ton corps se amaigrist ? » |[232] Lors dist la mort : « O ame, is hastivement, car en ce corps ne demourras plus longuement. » |[233] A celle horrible voix s’esmouvera l’ame et vendra aux levres et dira : « Par vous me convient issir. » |[234] Responderont les levres : « Par nous n’entras ou corps ne par nous n’en ysteras. » |[235] Lors se part d’illec et va au narines.  Lesqueles lui respondent comme les levres. |[236] Aprés s’en tourne aux yeulx et puis aux oreilles, mais par elles ne puet avoir passage. |[237] En fin va a la sommité du chief et par illec se part du corps, car par illec y entra et d’illec doit isir. |[238] Adont se tient en celle sommité et regarde ça et la, ou elle voit moult de miseres, s’elle n’est du nombre des sauvéz. » |[239] Et, s’elle est dampnee, lors dist elle a soy mesmes : « O maudite excommuniee adultere et parjure que tu es ! » |[240] Lors jette son regard sur l’aube, qu’elle receut es sains fons de batesme blanche et sans aucune tache, plus noire que le corbault ramage. |[241] Si dist en suspirant miserablement et horriblement, criant avec pleur inen[v°]narrable : |[242] « Las, las, las ! Qui est cellui qui a mué et changié mes cestemens et comment ? N’estoient elles plus blanches de la nesge ? Et elles sont maitnenant plus noires que poye. » |[243] Lors vient le dyable qui la povre ame a seduitte et le conseil duquel elle a suivy en ce monde et dist : |[244] « O amie, ne te vueilles merveillier. Je suis cellui qui t’ay preparé cestui vestement, mais tu n’es pas seule de ceste parure, car la pluspart du monde en est contaminee. » |[245] Lors dist l’ame : « Et qui ez tu ? ». Dist le dyable : « Et ne t’ay je dit que je suis cellui qui  t’ay preparé ces cestemens ? Et t’ay monstré ma vie et u m’as jusques a cy suivy et bien obeÿ, creut et labouré. |[246] Pourquoy je t’ay appareillie ta place en mon regne ouquel sera pleur sans risee, strideur de dens sans cesser, tristresse sans leesse, faim sans mengier, soif sans boire, |[247] tenebres sans lumiere, pueur sans odeur, doleur sans solas, plaintes sans remede, cris sans silence, murmure sans reverence, |[248] ullemens sans maniere, feu inextinguible sans refroidement, vens impetueux sans transquilité, froidure sans maniere, chaleur sans termination, |[249] povreté [19] ou pluiseurs quierent morir mais morir ne peuent, et ou tous noz princes et seigneurs sont cestus de telz vestemens comme toy, c’est assavoir Belsebuch, Behemoth et Fagiel. |[250] O ame, lieve toy et viens avec moy. Veci mes compaignons qui viennent contre toy chantans chansons de doleur et de tristresse et moult amers. » |[251] Lors survient le bon angele de Dieu qui estoit commis a sa garde par la permission divine et dit : |[252] « Benoit soit cellui qui en ce monde a evité et foy ce maudit vestement que tu portes. O, comme tu ez maleureuse ! O amie du dyable ! O maudite creature ! O malediction de Dieu omnipotent ! |[253] Avec toy ay esté et si ne m’as pas veu. Je t’ay apris et enseignié et tu ne m’as pas entendu. Va maintenant es mains du dyable et voy le lieu infernal qui t’est preparé. |[254] Dés maintenant, tes euvres t’ont jugié. Veci le jour de fureur, de calamité et de misere et de moult grant amertume. » |[255] Adont, la miserable ame, combien que envis, le convient entrer en tenebres et ça et la circuir les lieux infernaulx par sept jours continuelz. |[256] Ou .viiie. jour retourne l’ame au corps ou[v°]quel elle veult de rentrer. Et, quant elle voit qu’elle n’i puet, adont le maudit et opprobrie, disant : |[257] « O temple du dyable, tes euvres m’ontsouillie. O maudite terre ! O habitation du dyable, lieuve toy maintenant hastivement|[258] et viens avec moy affin que tu voies le lieu de mes tourmens qui par ta coulpe me sont appareilliés, esquelz je serai jusques au jour du grand Jugement. Et aprés seras avec moy en celle mesme dampnation eternelement. |[259] O miserable corps, dist l’ame, maudis soient tes yeulx, qui onques nevouldrent veoir la lumiere de verité et la voie de la clarté de Dieu. |[260] Maudites soient tes oreilles et ta langue, car oncques ne gousterent les joyes du Pére eternel ne oncques n’ouvrirent les huys de la bouche ne de l’oÿe a la loenge de leur Createur. |[261] Maudites soient tes mains, car par elles n’as donné ausmones aux povres. Maudites soient les pensees de ton corage, car elles me incitoient a mauvais conseil. |[262] Maudis soient aussi tes piedz, car ilz n’ont volu aller a visiter les sainctes maisons de Dieu. |[263] Maudis soient tous [20] membres, car par eulx ay perdues les joyes des cieulx. |[264] Et maudictes soient aussi toutes tes euvres, car elles m’ont acquis les tourmens pardurables, desquelz nous vueille delivrer Nostre benoit Sauveur par sa digne misericorde. Amen. »

|[265] S’ensiuvent aucunes bonnes et prouffitables oroisons a dire sur ceulx qui sont constituéz en l’article de la mort, prises d’une exemple qui s’ensieut.

|[266] Jadis fut un pape a Romme, lequel, constitué en l’extremité de sa vie, appella son chappellatin et en le priant dist : « Quant tu me verras labourer a la mort, dy por trois fois l’oroison dominicale en la maniere qui s’ensieut.

|[267] A la premiere diras ‘Kirieleyson, Kyrieleyson, Kirieleison. Sire, ayes merci de nous. Pater noster et Ave Maria’ tout au long. |[268] Puis diréz : ‘O Sauveur du monde, sauve nous, qui par la croix et par ton sang as rachaté le monde. Nous te deprions, nostre Dieu, que nous vueilles aydier. |[269] Sire Dieu, Jhesucrist, par ta [v°] souffrance et oroison sainctisme, en priant laquele ta sueur fut faitte comme sang decourant en terre, |[270] je te prie, par la multitude de ta songuine sueur, que, par la crainte et angoisse que tu souffris et espandis habondamment pour nous, |[271] il les te plaise offrir et monstrer au vray Dieu omnipotent contre la multitude de tous les pechiés de cestui ton serf et le delivre en ceste heure de sa mort de toutes ses paines et angoisses, |[272] les queles il doute et craint avoir deservi pour ses pechiéz, toy Sauveur qui, avec le Pére et le Sainct Esperit, vis et regnes par les siecles des siecles. Amen.’

|[273] A la seconde ‘Pater Noster’, diras, ‘Kyrieleyson, Kyrieleyson, Kyrieleyson. Sire Dieu, ayes merci de nous. Pater Noster, Ave Mara’ tout au long. |[274] ‘O Sire omnipotent, sanctifie nous du sinacle de la saincte croix affin qu’elle nous soit obstacle contre les cruelz dars de nos anemis. |[275] Deffens nous, Sire, par le bois de la saincte croix et, par le pris deton precieux sang, duquel tu nous as racheté, SireDieu Jhesucrist, qui pour nous es daignié morir en la croix, |[276] je te requiers par les amertumes et passions que, pour [21] nous, miserables pecheurs, toy, Dieu misericors, as soustenu en la croix et meismement quant ta tres saincte ame yssi de ton sainctisme corps, |[277] il te plaise offrir et monstrer a Dieu le Pére omnipotent pour l’ame de cestui ton serviteur |[278] et le delivre, en ceste extreme heure de sa mort, de toutes les paines et passions lesqueles il craint avoir desservies pour ses pechiéz, |[279] toy qui vis et regnes, Dieu, par tous siecles. Amen.’

|[280] Au tiers Pater Noster, tu diras ‘Kyrieleyson. Kyrieleyson. Kyrieleyson. Sire Dieu, ayes merci de nous Pater Noster. Ave Maria. |[281] Tout puissant Dieu, garde, sauve, beneïs, sainctifie tout ton pueple par le signacle de la vraie croix, oste les maladies du corps, de l’ame. |[282] Contre ce signe ne se fera aucun peril. Sire Dieu Jhesucrist, qui, par les bouches de tes sains prophetes, nous a dit |[283] ‘O mon pueple, je t’ay amé de charité perpetuele, par quoy, ayant de toy misricorde, je t’ay atrait a moy’, |[284] je te requiers, par icelle meismes charité que tu du ciel en terre apportas a souffrir toutes tes passions et angoisses, |[285] icelles te plaise offrir et monstrer a Dieu le Pére omnipotent cotnre toutes les [v] paines et passions de cestui ton serviteur, lesqueles pour ses pechiés il craint et doubte avoir desservi. |[286] Sauve son ame en ceste heure de son trespas, euvre lui la porte de vie et luy fay joÿr de la glore de Dieu le Pére qu’il a promis a ses esleus avec tous les sains. Amen.

|[287] O benoitSauveur Jhesucrist, qui nous as rachaté de ton tres pecieux sang, escrips et imprime en l’ame de cestui ton serviteur tes playes de ton precieux sang |[288] affin qu’il aprende lire ta grande doleur en elles contre toutes les doleurs et passions lesqueles il craint avoir desservi pour ses pechiéz. |[289] Escripts aussi et imprime ton amour en son cuer affin qu’il soit a toy uni d’amour invisible, duquel de toy et de tous les tiens il a perpetuité ne puist estre separéz. |[290] O Sire omnipotens et eternel, fay le participant de ton incarnation tres sacree, de ta passion de ta glorieuse resurrexion, de ton admirable ascention. |[291] Fay le aussi participant des tres sains misteres de tes sacremens. Fai le aussi participe de tous les biens fais et de toutes les oroisons qui se font cotidiennement en ta saincte Eglise. |[292] Fai le aussi participer [22] en toutes les benedictions de tes benignes graces, merites et joyes de tous tes esleus, |[293] lesquelz te ont pleut dés le commencement du monde, et lui ottroie qu’il en ton sainct regart avec toutes ces choses joÿsse de tes joyes eternelement. Amen.’

|[294] Le chappelain promist au pape faire et parachever toutes les choses en la maniere dicte et icelles a toute diligence et devotion accomplist en la plus grande devotion qu’il peut. |[295] Aprés ce que le pape fust mort, il, en pou de temps aprés, s’apparut au chappelain en grande clarté et resplendeur |[296] et lui rendi graces et loenges, disant lui estre delivre de toutes paines, |[297] car, « Aprés le premier Paster Noster, Nostre benoit Sauveur Jhesucrist, en me monstrant la sueur de son precieux sang, debouta et enchassa de moy toutes angoisses. |[298] Aprés la seconde pater Noster, nostre benoitSauveur Jhesucrist, par l’amaritude de toutes es passions, departi et osta tous mes pechiéz comme une nuee. |[299] Aprés la tierce pater Noster, nostre benoit Redempteur, par sa grande charité, me ouvri les cieulx et me mist et mena es joies par[v°]durables et eterneles. » |[300] Pour ceste revelation faitte a cestui chappellain du pape, laquele il revela a pluiseurs en divers lieux, sourdi une coustume |[301] que la devandite maniere de aorer et prier estoit gardee envers les morans et agonizans aux extremitéz de leurs vies moult devotement|[302] soubz tres certaine esperance que les dictes oroisons valent a delivrer l’omme des dyables, effacer ses pechiéz et ouvrir le royame des cieulx |[303] par l’aide de nostre benoit Sauveur et Redempteur Jhesucrist, qui est beneys es siecles des siécles. Amen.


[1] Leçons de l’incunable non conservées : tiens livres ― Variantes de Q : (Titre) Les temptations de l’homme en l’article de la mort et de l’inspiration du bon angele au contraire

[3] Variantes de Q : de nulz corps

[10] Leçons de l’incunable non conservées : sepparcillent ― Variantes de Q : se tres mq. ; donne a entendre ; qui pilz est

[11] Variantes de Q : subgection

[14] Variantes de Q : sa mq.

[15] Variantes de Q : l’ (devant obeissance) mq.

[17] Leçons de l’incunable non conservées : rennecheir

[18] Variantes de Q : pardon a tous ceulx

[19] Leçons de l’incunable non conservées : aucu chose

[20] Leçons de l’incunable non conservées : des répété

[23] Variantes de Q : est ainsi ; les contemplacions du

[26] Variantes de Q : tous mq.

[27] Leçons de l’incunable non conservées : que (aprés clers) mq.Variantes de Q : devant le yeulx

[28] Variantes de Q : auquel

[30] Variantes de Q : foy de Jhesucrist

[37] Leçons de l’incunable non conservées : point taut un ― Variantes de Q : font mq.

[39] Variantes de Q : subgections ; est dessus

[42] Variantes de Q : benoit mq. ; vous (aprés il) mq.

[44] Variantes de Q : homme ne voeilliéz c. ; subgections ; quoy ne voeilliéz a

[47] Variantes de Q : ayéz

[49] Variantes de Q : En oultre

[56] Variantes de Q : Notéz

[60] Variantes de Q : car répété

[61] Variantes de Q : desesperation

[66] Variantes de Q : toutefois

[68] Variantes de Q : yracondiscieusement

[69] Variantes de Q : misericordes de laquelle

[70] Variantes de Q : maudis au feu

[72] Variantes de Q : toutefois

[76] Variantes de Q : despoire du vray ; tout la mimisericorde de Dieu (Certes)

[78] Variantes de Q : desesperation

[79] Variantes de Q : desesperation

[88] Leçons de l’incunable non conservées : il se seroit

[89] Variantes de Q : desesperation

[92] Leçons de l’incunable non conservées : Pol qu’il p. ― Variantes de Q : Ayéz

[96] Variantes de Q : desesperation

[97] Leçons de l’incunable non conservées : m. peeser c. prousfitable et ; au chmin du ciil ― Variantes de Q : comme

[101] Leçons de l’incunable non conservées : g. dlour qui ; toute reeature et

[104] Variantes de Q : toutefois

[107] Variantes de Q : Notéz

[115] Variantes de Q : fait a malade

[116] Variantes de Q : quierent

[119] Variantes de Q : ayéz

[130] Variantes de Q : doivent eternelement estre

[140] Variantes de Q : En oultre

[143] Variantes de Q : orgueille espirituelle

[144] Variantes de Q : desesperation

[147] Variantes de Q : toutefois

[148] Variantes de Q : t’ (aprés qui) mq.

[153] Variantes de Q : de lhumilité

[157] Variantes de Q : a (aprés seulement) mq.

[158] Variantes de Q : bien fait disant

[159] Variantes de Q : te (devant vantes) mq. ; ne (entre ne et exauces) mq.

[169] Leçons de l’incunable non conservées : fut precipé et trebuchié répété au début du f° 13 r°Variantes de Q : fut precipé et

[170] Variantes de Q : Et aussi par

[173] Leçons de l’incunable non conservées : veenge

[177] Leçons de l’incunable non conservées : traveilee

[188] Leçons de l’incunable non conservées : o. coutre tes m. ― Variantes de Q : subgections

[189] Variantes de Q : vueilliéz ; Ayéz ; se aderent a

[191] Variantes de Q : n’ (aprés et) mq. ; sa femme mq.

[199] Leçons de l’incunable non conservées : compaignii Variantes de Q : Notéz

[200] Leçons de l’incunable non conservées : et se pare de

[203] Variantes de Q : en (aprés devocions) mq. : daigne a recevoir a sa merchy

[207] Leçons de l’incunable non conservées : secrificabo ; landis ; et se i. ― Variantes de Q : secrificabo ; landis ; etc remplacé par et nomen Domini invocabo

[209] Variantes de Q : en psalme saint

[210] Leçons de l’incunable non conservées : Jhesucrist a la ― Variantes de Q :Jhesucrist a la v. de la saincte p. ; de sa saincte c.

[211] Leçons de l’incunable non conservées : aussi ses s.

[215] Variantes de Q : Notéz ; sa (aprés en) mq.

[217] Leçons de l’incunable non conservées : laccopaigne ― Variantes de Q : et l’encorag

[218] Leçons de l’incunable non conservées : nostre sanueur i souffrii p.

[223] Variantes de Q : vaincu et boutéz

[228] Variantes de Q : filz de tes filles, cousisn et a.

[235] Variantes de Q : et s’en va

[237] Variantes de Q : entra et par illec en doit

[238] Variantes de Q : en icelle

[244] Variantes de Q : O anme ne

[245] Variantes de Q : Et (aprés dyable) mq. ; je pas dit ; t’a preparé

[249] Variantes de Q : de telz vestemenz mq.

[250] Variantes de Q : ameres

[255] Variantes de Q : ame mq.

[256] Leçons de l’incunable non conservées : O viii. ― Variantes de Q : corps auquel

[258] Leçons de l’incunable non conservées : aternelement

[262] Variantes de Q : a (aprés aller) mq.

[268] Variantes de Q : te prions ; voeilliez

[272] Leçons de l’incunable non conservées : toy sauver qui

[273] Variantes de Q : ayéz ; Noster et Ave

[275] Variantes de Q : nous est daigné

[280] Variantes de Q : Ayéz

[294] Variantes de Q : toutes ces choses ; a toutes diligence ; puet

[298] Variantes de Q : nostre Seigneur par

[303] Variantes de Q : Amen mq.